Christophe Honoré contait une romance, où une jeune fille tombait sous le charme d’un garçon étrange que même sa beauté le devenait. Sélectionné en Compétition, Honoré retrouve une romance, celle de deux hommes Arthur Vincent Lacoste et Jacques Pierre Deladonchamps. L’un est étudiant à Rennes, l’autre écrivain. Ils aiment la littérature, se scrutent, se refusent et se laissent entraîner par l’amour. Une trame furieusement romanesque entre Paris et Rennes, dans les années 90. Littérature omniprésente et amour dans sa beauté et sa dureté Rencontre dans un cinéma rennais. Arthur se retourne avec sa cigarette éteinte à la main, totalement fasciné par Jacques dès le premier regard. L’écrivain voit un admirateur de son travail, mais se laisse attirer par son jeune coup de coeur. Commence le jeu du chat et de la souris. Jacques refuse de céder aux avances de son jeune interlocuteur, pour finalement y succomber rapidement. Les premières caresses, les premiers ébats se succèdent dans cette chambre d’hôtel qui pue la javel », des dires de l’écrivain. Jacques est désabusé, sent la mort rôder, transpire la rancune et refuse toujours un peu plus son étudiant adoré avant de replonger dans ses bras. Mais le romancier traîne son spleen, évoque son dégoût personnel, voire sa colère. La mort de son ex-compagnon Marco, emporté par le sida, le hante. Il sent sa présence et peine à faire son deuil, alors qu’ils partageaient un bain quelques jours auparavant. Photo copyright Jean-Yves Fernandez / LFP Les jours passent, les semaines, les amants aussi. Mais il faut faire vite, foncer, profiter de cet amour passionnel, car Jacques n’en a plus pour longtemps. L’ombre de la maladie survole telle une épée de Damoclès, elle devient de plus en plus lourde et s’intensifie alors que les deux amants sont indécis. Le temps passe et Arthur s’en rend compte. Il se lance dans une course effrénée à la conquête de l’amour sans savoir ce qu’il en découlera. Romanesque, doux et amer Christophe Honoré conte une romance aussi attendrissante que déprimante. Sous ses airs désabusés, ses sentiments enfouis, Plaire, aimer et courir vite est une romance à plusieurs étages, où les sentiments s’intensifient lentement mais sûrement. Peut-être un peu trop tendre dans sa première heure, le métrage poursuit son rythme de croisière sans y parvenir avant de véritablement lancer les hostilités. Et c’est bien cette imperfection qui fait son charme, celle d’une romance à l’image de sa mise en scène en attente d’une prise de décision franche. À force de se faire attendre Jacques semble laisser échapper sa dernière? belle romance. Honoré joue avec les doutes d’un homme de plus en plus rongé par sa rancune et par une mort prochaine. Plaire, aimer et courir vite est ce genre d’histoire qui met un temps à se dessiner pour vous clouer sur place. À l’aide d’une séquence finale sublime, le film se conclut admirablement. Un travail doux et amer parfaitement porté par un excellent duo d’acteurs – Lacoste et Deladonchamps -, tout comme Denis Podalydès. L’acteur et cinéaste apporte une touche extérieure subtile. Loin des grandes sérénades romantiques, Christophe Honoré conte un amour complexe, incertain, tout en retenue. Pouvons-nous pointer du doigt la longueur du film – 2h12 -, une redondance ou des scènes inutiles. Mais c’est cette imperfection qui rend le film beau. Un amour qui se conjugue au conditionnel… Casting Vincent Lacoste, Pierre Deladonchamps, Denis Podalydès, Clément Métayer, Adèle Wismes, Thomas Gonzalez Fiche technique Réalisé par Christophe Honoré / Date de sortie 23 mai 2018 / Durée 132 min / Scénario Christophe Honoré / Photographie Rémy Chevrin / Distributeur suisse Xenix
Par Julie M. Publié le 7 mai 2018 à 13h29 "Plaire, aimer et courir vite" la comédie dramatique de Christophe Honoré avec Vincent Lacoste, Pierre Deladonchamps, Denis Podalydès en sélection officielle en compétition au festival de Cannes 2018 débarque au cinéma à partir du 10 mai 2018 ! Présenté en compétition officielle lors du 71ème Festival de Cannes, "Plaire, aimer et courir vite", le nouveau film de Christophe Honoré relate l'histoire d'un premier et dernier amour. Après avoir réalisé deux adaptations littéraires Ovide et la Comtesse de Ségur, Christophe Honoré revient cette fois-ci avec une comédie dramatique originale. Non sans nous faire penser à 120 battements par minute qui pour rappel avait obtenu le Grand Prix lors du précédant Festival de Cannes, Plaire, aimer et courir vite nous replonge donc dans les années 90 à travers cette ultime histoire d'amour. Le réalisateur explique "Il est possible que sans cet amour Jacques aurait vécu plus longtemps, parce qu’il est précipité dans l’idée que sa maladie, le sida, le rend inapte à cet amour, qu’il n’est plus capable de le vivre. Je crois que le vrai sujet du film est là , dans les effets contraires de l’amour. C’est un film qui assume sa part de mélodrame, mais pas tant du côté de l’amour impossible que de la vie impossible." Synopsis À lire aussiTop des meilleures salles de cinéma de ParisCinéma les films à voir pendant l'été 2022Cinéma semaine du 29 août 2022, programme et sorties1990. Arthur a vingt ans et il est étudiant à Rennes. Sa vie bascule le jour où il rencontre Jacques, un écrivain qui habite à Paris avec son jeune fils. Le temps d’un été, Arthur et Jacques vont se plaire et s’aimer Bande-annonce Un film à découvrir en salles à partir du 10 mai 2018
Plaire aimer et courir vite, le film de Christophe Honoré avec Vincent Lacoste, Pierre Deladonchamps et Denis Podalydès est en compétition officielle au Festival de Cannes 2018. L’œuvre sort dans les salles de cinéma en France le 10 mai. L’avis et la critique film de Bulles de Culture. À propos Articles récents Follow usBulles de
Plaire aimer et courir vite France, 2018 Titre original – Réalisateur Christophe Honoré Scénario Christophe Honoré Acteurs Vincent Lacoste, Pierre Deladonchamps, Denis Podalydès Distribution Ad Vitam Distribution Durée 2h13 Genre Drame romantique Date de sortie 10 mai 2018 Note 3,5/5 Vous souvenez-vous d’une histoire d’amour gay au cinéma qui se termine bien ? Plus encore que leur pendant hétéro, les aventures romantiques entre deux hommes ou deux femmes ont la fâcheuse habitude de se conclure au mieux avec un départ vers de nouveaux horizons en solitaire. Notre repère d’identification aura alors été amèrement déçu, quoique au moins vigoureusement confirmé dans son orientation sexuelle. Présenté en compétition au Festival de Cannes, Plaire aimer et courir vite ne dérogé pas complètement à cette règle, ne serait-ce qu’à cause de l’époque pendant laquelle il se déroule, l’un des temps tristement forts de l’épidémie du sida au début des années 1990. Analysé de plus près, le dixième long-métrage de Christophe Honoré n’est pourtant ni un énième drame de maladie, ni même une histoire d’amour au sens strict du terme. Pour cela, il faudra attendre beaucoup trop longtemps – quasiment une heure et demie – avant que les deux amoureux ne se rencontrent sérieusement. Et à ce moment-là , lorsque une intrigue plus conventionnelle aurait enfin permis à ses personnages mal assortis de s’épanouir mutuellement, il est déjà trop tard pour célébrer plus qu’un instant de complicité passager. Bref, ce que le réalisateur réussit ici, aidé substantiellement par les interprétations très justes de Vincent Lacoste et de Pierre Deladonchamps, c’est une formidable chronique des occasions ratées à cause des choix pas toujours concluants qui ponctuent la vie de chacun, avant qu’on ne se rende compte de cette existence parallèle, plus proche du fantasme, où nos rêves romantiques seraient devenus réalité. Synopsis En 1993, l’écrivain Jacques est invité à un atelier à Rennes. Dépité par les conditions dans lesquelles il y est accueilli, il se réfugie pendant quelques minutes dans une salle de cinéma, histoire de décompresser avant son intervention. C’est là qu’il croise pour la première fois le chemin de Arthur, un jeune Breton qui se cherche encore un peu sexuellement et qui ne tarde pas à tomber sous son charme, malgré leur différence d’âge importante. En dépit de leur bonne entente immédiate, les deux hommes vont en quelque sorte manquer leurs prochains rendez-vous avec le destin, alors que l’état de santé de Jacques, atteint du sida, se dégrade progressivement. La vie est plus surprenante que les films Dans le petit monde du cinéma gay français, Christophe Honoré nous paraît figurer parmi les réalisateurs les plus sophistiqués. Alors qu’un fil rouge de thématiques homosexuelles parcourt sa filmographie très joliment cohérente, il n’adopte jamais la posture du militant revendicateur. Le fait de baiser entre hommes, voire de trouver l’amour dans ce milieu marqué par la fragilité des liens sentimentaux, y est représenté avec un naturel désarmant, comme si l’évolution des mœurs en France en termes d’acceptation de la différence s’était déroulée au préalable et non simultanément à un corpus filmique qui nous tient particulièrement à cœur. La sensibilité de son point de vue garantit ainsi une accessibilité que l’on espère universelle, précisément parce qu’elle sait transcender les clichés des mondes cloisonnés que ses films explorent. Dans le cas de Plaire aimer et courir vite, le risque était en effet important de n’en faire qu’un mélodrame pour initiés et autres nostalgiques d’une époque, où l’une des formes prédominantes de la représentation de la communauté gaie passait par les cercles vaguement huppés de l’intelligentsia parisienne. Heureusement, la mise en scène s’affranchit rapidement de ce coloris sectaire pour conter sans fard, ni subterfuge, l’histoire profondément humaine des amants condamnés à se louper. Apprendre à souiller la beauté Comme on l’a déjà indirectement évoqué plus haut, le récit ne tourne guère exclusivement autour de la relation embryonnaire entre Jacques et Arthur. Ou pour être plus précis, la parcimonie des séquences communes nourrit avec une subtilité jamais prise en défaut le désir de voir enfin leur aventure se concrétiser. Car tout ce qui se passe dans leurs vies respectives converge vers ce bonheur romantique dont nous prive savamment le film. Du côté de l’intellectuel de plus en plus absorbé par le déclin de ses propres capacités physiques, et la relation décousue qu’il entretient avec son jeune compagnon présenté au début de l’intrigue, et le rappel douloureux de son passé insouciant, personnifié par son ex moribond qui s’installe un temps dans son appartement en guise d’hospice devraient le dissuader de poursuivre son histoire avec Arthur. Quant à ce dernier, il diffère également longtemps la mise à exécution de son plan de monter à Paris, sans doute par crainte de mal interpréter les signaux diffus d’attirance mutuelle émis par Jacques ou, pire encore, par cette insouciance propre à la jeunesse qui n’a pas encore appris qu’il vaut mieux saisir les occasions avant qu’il ne soit trop tard. Cette dynamique dramatique, tel que nous la décrivons par nos modestes moyens littéraires – d’ailleurs infiniment inférieurs à la plume habilement poétique de Christophe Honoré –, peut paraître laborieuse ou alambiquée. Elle s’agence pourtant avec une facilité et une assurance, qui n’ont point peur de prendre leur temps. Selon leur logique implacable, qui voudrait que le plus grand obstacle à une fin heureuse est le manque de temps, ainsi que l’absence de discernement de la part du couple seulement esquissé de l’urgence de leur union face aux réalités cruelles de la vie. Conclusion Voici notre premier coup de cœur de ce Festival de Cannes, certes pas aussi proche formellement de la Nouvelle vague que l’a été Dans Paris – malgré un générique au découpage stylisé – et pas aussi courageusement kitsch que Les Chansons d’amour, mais néanmoins une preuve supplémentaire du talent singulier de son réalisateur à faire vivre à l’écran la difficulté d’être gay sans devenir sinistre. Plaire aimer et courir vite est le rappel poignant que la vie risque de nous filer entre les doigts, si l’on ne fait pas attention à ces chances toujours aussi peu nombreuses de tomber sur la perle rare.
BQjM.