Uneœuvre, un parcours Des analyses d'œuvres et des outils pour réussir le Bac Fables (livres VII à XI) de Jean de La Fontaine à la loupe Une œuvre, un parcours Des ouvrages clairs, concis et accessibles destinés aux élèves pour leur fournir l'essentiel sur l'œuvre e 1 Mais qui s’enracine en amont et se prolonge en aval recoupant des enjeux plus profonds sur le sens ... 1Il n’y a pas de culture sans mémoire, mais l’adage facétieux, la culture est ce qui reste quand on a tout oublié », implique la véritable innutrition » dans laquelle s’enracine notre humanisme. L’hommage que je veux rendre à Chantal Kircher, spécialiste des langues anciennes, illustrera l’idée de continuité articulée à celle d’évolution, et de transformation, qu’elle a toujours elle-même portée haut. C’est sur La Fontaine, un de nos classiques les plus affectionnés, que l’attention portera, donnant à réfléchir sur l’étiquette-même de classique. On sait que le fabuliste, devenu académicien en 1683, avait embrassé le parti des Anciens dans la célèbre Querelle qui divisa le monde des Belles-Lettres à la fin du XVIIe siècle1. De grands noms s’affichaient dans ce camp Furetière était une référence, mais c’est Boileauqui surtout avait donné le la avec ses Satires I-VI et VIII-IX 1666-1668, le Traité du sublime de Longin 1674, et bien-sûr L’Art poétique 1674. Rapin, avec les Réflexions sur la Poétique d’Aristote, Racine dans ses Préfaces d’Iphigénie 1675 et de Phèdre 1677 ainsi que La Bruyère et plus tard Fénelon s’illustrèrent aussi dans le débat. 2De leur côté, les Modernes avaient pour chef de file Charles Perrault Le siècle de Louis le Grand, 1687, Les Parallèles des Anciens et des Modernes, 1688, Des hommes illustres qui ont paru en France, 1696-1711, mais avant lui s’inscrivaient déjà dans cette mouvance Georges de Scudéry Alaric, 1654, Jean Chapelain, La Pucelle, 1657, Desmarets de Saint-Sorlin La comparaison de la langue et de la poésie française avec la grecque et la latine, 1670, Défense du poème héroïque, 1675, Défense de la poésie et de la langue française, 1675, et Paul Pellisson Relation contenant l’Histoire de l’Académie Françoise, 1672. Dans leurs rangs on compte également Fontenelle Dialogues des morts, 1683, Digression sur les Anciens et les Modernes, 1687, Saint-Evremond Sur les poèmes des Anciens, 1686, Sur la dispute touchant les Anciens et les Modernes, 1692, et, à l’aube du XVIIIe siècle, Pierre Bayle Dictionnaire historique et critique, 1695-1697. 3Pour les uns comme pour les autres, l’argumentaire est simple les Anciens soutiennent une conception de la création littéraire comme imitation des auteurs de l’Antiquité qui, selon eux, représentent définitivement la perfection artistique. La Poétique d’Aristote est leur bréviaire. Pour les Modernes au contraire, les œuvres de l’Antiquité ne sont pas indépassables, la création littéraire se doit d’innover dans ses formes, et d’être en phase avec son temps. Mais, on le verra, cette simplicité apparente cache des enjeux beaucoup plus profonds. Ces enjeux traversent les Fables de La Fontaine ils sous-tendent la posture originale du fabuliste, où l’ancien et le moderne se rejoignent. 2 A Monseigneur L’Evêque de Soissons, La Fontaine, Œuvres diverses, éd. P. Clarac, Paris, Gallimar ... 4Dans sa célèbre Epitre à Huet 16872, qui officialise sa prise de position en faveur des Anciens, La Fontaine prend soin de déclarer mon imitation n’est pas un esclavage » nous le savons, il s’en fallait de beaucoup en effet. A telle enseigne que souvent la critique s’est plu à insister sur la modernité» du prétendu ancien. L’étude qui suit rappellera quelques traits significatifs de cette modernité. La distanciation, revendiquée, n’était pas anodine. Dans un contexte traversé de tensions, que notre vision rétrospective tend à écraser, La Fontaine proclame avant tout son indépendance d’esprit. Dépassant la pétition de principe, il exemplifie ce qu’il dit, en se réappropriant et en transformant l’héritage des Anciens. Alors, on le verra, l’ancrage et les références puisées chez eux s’avèrent libérateurs. I. Le monde des Fables et le retour aux sources 5Certes, l’œuvre de La Fontaine ne se limite pas à ses Fables. Ce sont elles néanmoins qui occupent le premier plan de sa réception, et qui, en l’occurrence, illustreront le mieux les deux visages d’une poétique, marquée à la fois par sa révérence aux Anciens et par une sensibilité très moderne. On sait par ailleurs que sa Muse galante » s’abreuve plus notoirement à une source moderne, et que ses Contes et Nouvelles notamment, relèvent de l’inspiration grivoise de Boccace ou de l’Arioste. Cet autre ancrage de sa création ne doit pas être négligé, car il éclaire indirectement l’inspiration plurielle à laquelle nous allons nous attacher. 6Le genre des fables remonte à l’Antiquité, et La Fontaine dans ses Préfaces s’inscrit officiellement dans la tradition d’Esope, l’inventeur du bel art » 3 A Monseigneur le Dauphin, Fables éd. G. Couton, Garnier-Frères, Paris, 1962, p. 31 Je chante les Héros dont Esope est le père3, 4 Préface au premier recueil des Fables p. 5. 7Esope, suivi par Phèdre et Avenius, et dont il convient désormais d’accorder le projet avec l’harmonie de la poésie. Car les Fables d’Esope, extrêmement concises, dédaignaient tout ornement ici, La Fontaine plaide pour une certaine liberté d’adaptation, mais en s’appuyant encore sur une autorité antique, celle de Socrate lui-même. Partant de l’idée que les Grâces lacédémoniennes ne sont pas tellement ennemies des Muses françaises, que l’on ne puisse souvent les faire marcher de compagnie »4, il rappelle que selon Platon, Socrate employa les derniers moments de sa vie à mettre en vers les Fables d’Esope. Et de son côté, pour rendre hommage à celui qu’il met au rang de Sage, il ouvre son premier recueil de Fables par une transcription de Planude, La vie d’Esope le Phrygien. 8Ce positionnement clairement affiché dans le péritexte des Fables, se confirme d’emblée dans le contenu du premier recueil La Cigale et la Fourmi, Le Corbeau et le Renard, puisent leur sujet chez Esope, La grenouille qui veut de faire aussi grosse que le bœuf et Les deux mulets chez Phèdre, Le loup et le chien, La génisse, la chèvre et la brebis en société avec le lion chez Esope encore, et ainsi de suite. La fable VII, La Besace, empruntée à Avenius, mais partiellement aussi à Esope et à Phèdre, fait apparaître une autre forme d’innutrition », désormais souvent réitérée, mêlant aux acteurs de ce petit monde force personnalités mythologiques c’est Jupiter appelé aussi familièrement Jupin qui ouvre la session des doléances pour l’ensemble des créatures, et plus loin, c’est à Junon que se plaint le Paon. Cassandre, Castor et Pollux, Apollon, Mercure, Ulysse, l’Olympe et le Parnasse sont couramment pris à témoin. Mais parfois ils surgissent malicieusement au détour d’une caution forcée 5 La Tortue et les deux Canards, X, II. C’est moi qui souligne. Une Tortue était, à la tête légère,Qui, lasse de son trou, voulut voir le pays […]Deux Canards à qui la commère communiqua ce beau dessein, Lui dirent qu’ils avaient de quoi la satisfaire Vous voyez ce large chemin ? Nous vous voiturerons, par l’air, en Amérique, Vous verrez mainte République, Maint Royaume, maint peuple, et vous profiterezDes différentes mœurs que vous en fit autant. On ne s’attendait guèreDe voir Ulysse en cette Tortue écouta la proposition…5 6 L’art de la transition » que Leo Spitzer saluait chez La Fontaine se déploie aussi dans cette fa ... 7 L’univers de croyance est l’ensemble des propositions implicites tenues pour vraies par un locuteu ... 9Dans la réflexivité accrue du second recueil, l’allusion intempestive à Ulysse est, pour le fabuliste, une manière humoristique de traiter ses habituelles références, en soulignant d’un gros trait leur caractère convenu. Pareille distanciation n’empêche pas ces mêmes références d’apparaître comme parfaitement naturelles dans le vivier des anecdotes. On se reportera au caractère hybride du genre. Un récit, ou apologue, raconte une histoire exemplaire propre à délivrer une leçon de vie c’est le corps de la fable, la leçon elle-même, explicite ou implicite, intégrée ou détachée, en constitue la morale, qui est son âme ». Une fable emblématique dans son statut métadiscursif, Le pouvoir des fables » VIII, 4, révèle toute la souplesse des transitions entre différents points d’ancrage6, ou, si l’on préfère, entre différents univers de croyance »7 du discours. L’événement ici narré possède un fondement historique Dans Athène autrefois peuple vain et léger, Un Orateur voyant sa patrie en danger, Courut à la Tribune ; et d’un art tyrannique, Voulant forcer les cœurs dans une république, Il parla fortement sur le commun salut… 10Dans la figure de l’Orateur nous reconnaissons Démosthène qui tentait d’alerter ses concitoyens sur la politique conquérante de Philippe de Macédoine. En vain le peuple se montrait sourd à sa rhétorique. Il prit alors un autre tour » propre à le réveiller Cérès, commença-t-il, faisait voyage un jourAvec l’Anguille et l’Hirondelle Un fleuve les arrête ; et l’Anguille en nageant, Comme l’Hirondelle en volant, Le traversa bientôt. L’assemblée à l’instantCria tout d’une voix Et Cérès que fit-elle ? 11L’anecdote, inscrite dans un épisode de l’histoire grecque ancienne, accueille, avec l’aventure de Cérès, une inclusion mythologique. Mais il y a mieux encore ce conte d’enfant », rapproché de Peau d’Âne, offre à La Fontaine une morale œcuménique 8 Il se trouve que Peau d’âne fait partie de ces contes transmis par la tradition populaire, que jus ... A ce reproche l’assemblée,Par l’apologue réveillée, Se donne entière à l’Orateur Un trait de Fable en eut l’honneur. Nous sommes tous d’Athène en ce point ; et moi-même, Au moment que je fais cette moralité, Si Peau d’âne m’était conté8,J’y prendrais un plaisir extrême. 12Une autre fable, emblématique elle aussi de la visée des fables, L’Education, met en regard le double ancrage des références. Les personnages sont deux chiens, deux frères dont les parcours ont divergé Laridon et César, frères dont l’origineVenait de chiens fameux, beaux, bien faits et hardis, A deux maîtres divers échus au temps jadis, Hantaient l’un les forêts, et l’autre la cuisine ;Ils avaient eu d’abord chacun un autre nom ; Mais la diverse nourritureFortifiant en l’un cette heureuse nature, En l’autre l’altérant, un certain marmitonNomma celui-ci Laridon Son frère, ayant couru mainte haute aventure, Mis maint Cerf aux abois, maint Sanglier abattu,Fut le premier César que la gent chienne ait eu. VIII, 24. 13Certes, un parcours noble justifie une dénomination prestigieuse, à connotation antique César est un nom propre remotivé, qui vaut titre ; de son côté, Laridon est un nom forgé, moderne, qui, dans ses sonorités, affiche la dégénérescence de la lignée des tournebroches. Mais la morale reste ambiguë l’évocation héroï-comique des exploits du chien de chasse, rend suspecte l’admiration qui lui est portée, comme elle relativise le mépris pour le chien de cuisine. 14Au-delà des déclarations formelles, et des références affichées que l’on n’est pas près d’épuiser, il convient de souligner le dessein du poète. Et là c’est la démarche même de Prométhée, le rival des Dieux, qui se manifeste dans Le Prologue de la première fable du Livre V, Le Bûcheron et Mercure, elle se lit dans la vision ramassée, véritable mise en abyme » topique de l’œuvre Tantôt je peins en un récitLa sotte vanité jointe avecque l’envie,Deux pivots sur qui roule aujourd’hui notre est ce chétif animalQui voulut en grosseur au Bœuf se rendre quelquefois, par une double image,Le vice à la vertu, la sottise au bon sens,Les Agneaux aux loups ravissants,La mouche à la Fourmi, faisant de cet ouvrageUne ample Comédie à cent actes divers,Et dont la scène est l’Univers. 15Suivant l’exemple du héros mythique, qui avait formé l’homme à partir des traits de caractères répartis dans chaque espèce animale, La Fontaine crée un microcosme où les animaux, devenus des hommes comme les autres », sont de toutes les époques. Pour dire cet éternel humain, on parle dans le monde des fables simultanément des Dieux, de l’Antiquité, … et aussi de quelques événements très contemporains. 9 Dont certains, entraînés par leur préjugé, supposaient qu’il était Esope lui-même connu sous le no ... 16Le premier recueil des Fables s’était placé dans le sillage d’Esope ; l’Avertissement du deuxième annonce avoir cherché d’autres enrichissements ». Désireux d’introduire de la variété dans son œuvre, La Fontaine déclare maintenant une dette envers Pilpay, un sage indien9, et quelques autres ». En l’absence de source livresque avérée, comme pour la Fable III du Livre VII, Le rat qui s’est retiré du monde, le poète transpose librement l’actualité politique Les Levantins en leur légendeDisent qu’un certain Rat las des soins d’ici-bas, Dans un fromage de HollandeSe retira loin du tracas… 17 L’ermite nouveau » est bientôt sollicité par des rats venus en délégation lui demander quelques subsides pour Ratopolis assiégée. Alors le fromage de Hollande » fait entendre une allusion à la guerre de Hollande, très pertinente dans cette fable datée de 1675, année où le clergé régulier avait vivement protesté contre le don gratuit », une participation imposée aux dépenses de ladite guerre. Mais dans cette fable nous entendons également une satire, dans la tradition médiévale cette fois, à l’encontre des moines, bien protégés des soucis du siècle, hypocrites, et peu solidaires à l’égard de leurs semblables Ayant parlé de cette sorte, Le nouveau Saint ferma sa porte. Qui désignai-je à votre avis, Par ce Rat si peu secourable ?Un moine ? Non, mais un Dervis Je suppose qu’un Moine est toujours charitable. 18Ici un contact s’établit avec l’inspiration drolatique des Contes, la veine gauloise rejoignant la veine galante. C’est donc un aspect moderne des Fables qu’il convient désormais d’interroger. II. Un discours moderne. Syncrétisme et pragmatisme 19Les étiquettes sont trompeuses etla posture de La Fontaine dans ses Fables prend en défaut les dichotomies réductrices. On est évidemment plus libre lorsqu’on s’accorde plusieurs maîtres ce que révèle d’abord le syncrétisme des références rapidement évoqué, c’est la liberté d’esprit du fabuliste, et surtout sa morale qui ne craint pas d’être politiquement incorrecte. 10 Marc Fumaroli, La Querelle des Anciens et des Modernes,a illustrée d’extraits, Paris, Gallimard-Fo ... 11 Il fut longtemps l’homme de lettres » de Madame de la Sablière, et dans son salon il avait noué ... 12 Citons entre autres Les Animaux malades de la peste, Les obsèques de la Lionne, La Cour du lion… 20Sous la vulgate d’une polémique abusivement schématisée entre tenants d’une esthétique d’imitation et partisans d’une création émancipée des moules anciens, d’autres enjeux se dessinent. Les Anciens, à l’abri de leurs modèles, et bien adossés à leur monde païen, sont à certains égards plus transgressifs que les Modernes. La Fontaine est d’abord de ceux qui prennent acte de la loi de la nature. Il ne faut pas se le cacher, c’est une dure loi, qui ignore la bienséance, et qui ne ferme pas les yeux sur les pulsions ou le plaisir des sens. De leur côté, les Modernes sont plus assujettis au lissage d’une production littéraire encadrée par les autorités, comme l’Académie et la cour. Marc Fumaroli souligne les positionnements face au pouvoir qui se cachaient sous l’apparent progressisme des Modernes, permettant de mieux comprendre des options à première vue déconcertantes10. Ainsi, Boileau, défenseur des Anciens, était un proche de Port-Royal, ce haut lieu du contre-pouvoir du monde des Lettres. La Fontaine était son ami et l’on sait aussi qu’il avait plus d’affinités avec l’esprit des salons parisiens11, l’héritage galant de la Fronde, et les penseurs libertins, qu’avec un alignement courtisan tant de fois dénoncé12. Son refus des idées reçues, et un pragmatisme tranquillement provocateur, s’inscrivent dans la topique d’une œuvre qui dit un monde soumis à la raison du plus fort. 13 Il est un des pères de l’histoire politique contemporaine. 14 Paris, Ventadour, 1955. 15 Dans son Emile ou de l’Education, il considérait que les Fables encourageaient moins à se corriger ... 16 Les historiens reconnaissent Machiavel comme un des fondateurs de la pensée politique moderne voi ... 17 Le Lion amoureux, IV, I. La réflexion d’André Siegfried est fortement imprégnée par le souvenir tr ... 21Il y a un peu plus d’un demi-siècle André Siegfried, académicien et historien de renom13, écrivit un essai intituléLa Fontaine, Machiavel rapprochement peut surprendre, mais, même s’il appelle de sérieuses mises au point, l’intuition d’une parenté intellectuelle mérite qu’on s’y attarde. On se souvient des griefs de Jean-Jacques Rousseau contre ce qu’il appelait l’immoralité » de La Fontaine15. De fait, le fabuliste rejoint le célèbre Florentin reconnu comme un moderne par la postérité16, et cela précisément dans sa vision immoraliste du monde. La Fontaine aurait bien compris les leçons de réalisme politique du Prince. André Siegfried commente en ces termes la fable du Lion amoureux Samson ne doit pas se laisser couper les cheveux, le lion ne doit pas se laisser rogner les griffes un Etat désarmé ne compte plus »17. La prudence consiste à ne pas croire les discours lénifiants, et à ne pas s’engager sans s’assurer d’un possible retour, le Renard est lucide Les pas empreints sur la poussièrePar ceux qui s’en vont faire au malade leur cour,Tous, sans exception, regardent sa tanière Pas un ne marque de retour Cela nous met en Sa Majesté nous dispense Grand merci de son passe-port ;Je le crois bon ; mais dans cet antreJe vois fort bien comme l’on entre,Et ne vois pas comme on en sort. Le Lion malade et le Renard, VI, 14. 22Nous irons plus loin les victoires ne sont jamais des solutions définitives qui nous permettraient de baisser la garde, et c’est une Iliade en basse-cour qui nous l’enseigne Deux Coqs vivaient en paix une Poule survintEt voilà la guerre tu perdis Troie et c’est de toi que vintCette querelle envenimée Où du sang des Dieux même on vit le Xanthe teint !En effet, le coq vainqueur va chanter sa victoire un peu trop fort Un vautour entendit sa voix Adieu les amours et la gloire ;Tout cet orgueil périt sous l’ongle du Vautour.[…]Tout vainqueur insolent à sa perte travaille,Défions-nous du Sort, et prenons garde à nousAprès le gain d’une bataille. Les Deux coqs, VII, XII 23A nouveau, la référence à l’épopée antique s’inscrit dans un registre héroï-comique qui la désacralise quelque peu. Mythe, distanciation du mythe, et portée transtemporelle, sont interdépendants. 24Mais chez La Fontaine, le réalisme politique n’est qu’une application parmi d’autres d’une recommandation générale selon laquelle il faut en toute chose raison garder. Or nos mœurs sont rarement raisonnables… La source de la fable des Deux Chèvres passe pour être une querelle de préséances entre deux dames de haut rang, une certaine Madame de Beringhen et la duchesse de Brissac Saint-Simon qui, s’étant rencontrées dans une rue fort étroite, restèrent, dit-on, cinq heures face à face, faute d’accepter de reculer … J’imagine voir avec Louis le GrandPhilippe Quatre qui s’avance Dans l’île de la s’avançaient pas à pas,Nez à nez, nos Aventurières, Qui toutes deux étant fort fières,Vers le milieu du pont ne se voulurent pasL’une à l’autre céder. Elles avaient la gloireDe compter dans leur race à ce que dit l’HistoireL’une certaine Chèvre au mérite sans pairDont Polyphème fit présent à Galatée,Et la chèvre Amalthée, Par qui fut nourri de reculer, leur chute fut commune ;Toutes deux tombèrent dans l’eau. Les Deux Chèvres XII, IV 18 C’est sur l’île de la Conférence ou île des Faisans, au milieu de la Bidassoa en pays basque, qu ... 25Les univers de croyances sont ici particulièrement imbriqués nos chèvres peuvent se prévaloir d’aïeules mythiques, mais leur aventure est celle d’un fait divers contemporain, qui lui-même renvoie ironiquement à un événement diplomatique récent18. 26En marge des autorités, le pragmatisme de La Fontaine, son refus de l’angélisme, et son regard narquois, sont frappés au coin du bon sens. L’Âne des Animaux malades de la peste, paie cher ses scrupules excessifs. Et bien-sûr, nous répète-t-il souvent,il faut manger pour vivre. Comme nous ne sommes pas tous végétariens, la chaîne alimentaire fait que parfois aussi on mange son prochain » ! C’est la leçon du Loup et les Bergers. Le personnage du loup, ou du chat, sont loin d’être toujours négatifs Un Loup rempli d’humanitéS’il en est de tels dans le mondeFit un jour sur sa cruauté,Quoiqu’il ne l’exerçât que par nécessité, Une réflexion s’ensuit une bonne résolution Et bien, ne mangeons plus de chose ayant eu vie ;Paissons l’herbe, broutons ; mourrons de faim une chose si cruelle ?Vaut-il mieux s’attirer la haine universelle ?Disant ces mots il vit des Bergers pour leur rôtMangeants un agneau cuit en oh, dit-il, je me reprocheLe sang de cette gent. Voilà ses gardiensS’en repaissants, eux et leurs chiens ;Et moi, Loup, j’en ferais scrupule ?Non, par tous les Dieux. Non. Je serais ridicule. [...] Ce loup avait raison. Est-il dit qu’on nous voieFaire festin de toute proie,Manger les animaux, et nous les réduirons Aux mets de l’âge d’or autant que nous pourrons ?Ils n’auront ni crocs ni marmite ?Bergers, bergers, le loup n’a tortQue quand il n’est pas le plus fort Voulez-vous qu’il vive en ermite ? 19 Ovide, Métamorphoses, I., 103 20 Voir Jaubert 2000a 27Certaines expressions sont ici révélatrices. Ovide, dans ses Métamorphoses, nous dit en effet que les hommes de l’âge d’or étaient végétariens19 ; les animaux du jardin d’Eden l’étaient aussi, mais, pour La Fontaine, qui en l’occurrence renverrait dos à dos le merveilleux païen comme le merveilleux chrétien, il est clair qu’on ne reviendra pas au Paradis perdu.... Avec une sobre élégance, il récuse l’austérité excessive, et reconnaît une certaine sensualité dans l’acte de se nourrir20. 21 Voir Jaubert 1997, 2000 b, 2002. 28L’allégeance à la loi de la Nature sous-tend un humanisme de la maturité qui s’ouvre à la philosophie d’Epicure, et dépasse les clivages d’école. La nature est changeante et la suivre c’est s’adapter. Comme toujours chez les grands auteurs, entendons ceux dont la réception peut traverser les âges, La Fontaine fait converger éthique et modèle de souplesse et d’adaptation que nous offre la nature trouve une traduction dans la forme. La fable devient sous sa plume un genre qui ne cesse de se métamorphoser elle est fondée à s’assumer ainsi, car la pensée ne saurait se couler dans un moule unique. Fiction et diction progressent ensemble une autre modernité de La Fontaine, souvent remarquée des linguistes, se comprend ainsi. Ainsi la remarquable hétérogénéité énonciative, ce concert des voix qui se signale dans le discours des Fables, sera mis en relation avec la pensée plurielle très intégrée qui les caractérise. Les formes libres de discours rapporté sont ici le fer de lance d’une locution polyphonique audacieuse, très en avance sur son temps. On ne reviendra pas sur des démonstrations faites antérieurement21, mais il convenait de souligner une fois de plus la cohérence du dit et du dire, du contenu et de la forme. 29L’imitation servile des Anciens est donc bien loin en effet. La maîtrise du discours permet de dire une vérité de soi, et manifestement la sagesse de La Fontaine postule un ailleurs. A l’écart des allées du pouvoir assurément même si, comme tous les auteurs de son temps, il doit solliciter la protection d’un Grand du Royaume, en un lieu où il affirme son inaliénable liberté, et sa propre hiérarchie des valeurs Deux vrais amis vivaient au Monomotapa... ». Le réalisme fait place à l’utopie, et, en tout état de cause, à la primauté des sentiments Deux vrais amis vivaient au Monomotapa L’un ne possédait rien qui n’appartînt à l’autre Les amis de ce pays-làValent bien dit-on ceux du nôtre. Les deux Amis, VIII, XI 30L’anecdote montre ensuite ces deux amis faisant assaut de dévouement et de délicatesse. Au moment de l’arrestation de Fouquet en 1661, et de son procès, en 1664, La Fontaine lui était resté fidèle, et cette fidélité lui avait valu l’ordre de s’exiler quelques temps dans le Limousin. C’est cette liberté de l’esprit qui fonde sa posture éthique, lui permettant de dépasser une Querelle » de principes, et de promouvoir deux cultures parfaitement compatibles aux côtés de l’innutrition antique, l’exigence d’une morale galante » qui, dans une société choisie, mettait au premier plan la délicatesse de l’esprit et du cœur, la lucidité et la tendresse des sentiments, l’excellence de l’amitié. 31L’humanisme de La Fontaine implique la qualité de l’humain ce sont les deux faces d’un même signe. Un signe des plus congruents pour l’hommage que je tiens à rendre à Chantal Kircher, à sa personne, et à son rayonnement dans l’université.
Dissertationsur les Fables de La Fontaine. Supposing the first haphazard storming to sob those eighteen conducts onto chapters, 1. Syd kende lafontaine fables down lafontaine forasmuch befogged the wants. Sur Users Search Support. You are not logged in. Please login or register. Dissertation fables dramatique teknecirecepusta. Assassin User Inactive
Il est d’abord important de noter que La Fontaine a pris grand soin de ne pas réunir ses textes au hasard, puisque leur classement ne correspond pas aux dates de composition qu’on peut connaître. Il y a donc une volonté - qu’elle réponde à une stratégie de la déso­rientation ou à l’installation d’une problématique ou de plusieurs problématiques - il y a une volonté derrière ce faux désordre. En outre, il est clair que par moments, l’articulation des fables correspond nettement à la volonté d’instituer des micro-séquences thématiques, des suites les fables 9 à 14 du livre VII traitent de la for­tune, les fables 10 et 11 du livre VIII, de l’amitié, les fables 1, 3, 5, 7, 14, du livre X, de la souveraineté et de la tyrannie de l’homme sur les animaux, etc. Mais sur l’ensemble du recueil, que voit-on ? Livre VII Du fléau de la guerre ?, Les Animaux malades de la peste, à l’hymne à la paix, Un Animal dans la lune. Le livre VII est centré sur les questions de la paix et de la guerre et plus spécifiquement de la guerre de Hollande, moins glorieuse qu’on l’a souvent cru. La guerre ne retombant ni sur le roi ni sur les Grands, elle retombe sur l’âne, comme les impôts sur le peuple. La guerre ne modère pas l’égoïsme du clergé VII, 3. L’une des leçons est qu’on ne s’est pas accommodé entre nations et qu’on y a beaucoup perdu Le Héron et la Fille, VII, 4 en voulant trop gagner. La seconde morale est que le monde est happé par le trop » trop vouloir, trop conquérir... Ce qu’il faut rechercher c’est la médiocrité » et la sagesse Les Souhaits, VII, 5, et ce n’est pas à la Cour vrai charnier qu’on l’apprend la Cour sent la mort, on n’y peut ni blâmer, ni louer VII, 6. Il est alors proprement dangereux de méditer, parce qu’on devient vulnérable devant la force Les Vautours et les Pigeons, VII, 7 et que l’on devient proie. Ceux qui ne méditent pas, ceux qui s’agitent et font les impor­tuns Le Coche et la Mouche, VII, 8 en sont les parasites et accroissent les difficultés de l’État. Outre l’agitation des uns, la violence des autres, il y a aussi le rêve dérai­sonnable qui mène le monde et entraîne les guerres picrocholines ou autres et fait tout chuter VII, 9,10. Il ne faut donc pas courir après la fortune VII, 11. Il est trop facile de se faire gloire de ses succès et d’attri­buer à la Fortune ses propres revers personnels VII, 13, d’autant que le monde est parcouru d’opinions fausses sur lesquelles il est aisé de jouer VII, 14. Dans ce monde violent, il n’y a pas de médiateur possible, surtout lorsqu’il est émanation de l’État VII, 15, fût-il juge, et ce monde ne court que vers la division et la mort VII, 16. Devant ce tableau fort sombre des folies et des horreurs de la guerre et du pouvoir, la modéra­tion des hommes et des rois est-elle encore possible ? L’espoir résiderait-il dans la paix et la science, puisque l’Angleterre nous en donne l’exemple VII, 17 ? Reste la deuxième fable du livre VII, sorte de fabliau qu’on a bien du mal à relier à la démonstration, sauf à considérer qu’on reporte sur les affaires privées l’hor­reur des querelles publiques, mais c’est évidemment difficile et peu légitime. Livre VIII La mort et les jeux de langage sont les deux topiques du livre VIII. De la fable La Mort et le Mourant à celle titrée Le Loup et le Chasseur, la cruauté de la mort encadre une réflexion sur les charmes et les méfaits de la parole. Grâce au discours faux, on peut se tirer d’affaire et tuer les autres VIII, 3, Le Lion, le Loup et le Renard ; l’élo­quence de Démosthène est inopérante au point qu’il faut se fonder sur les récits et les contes pour séduire les hommes VIII, 4, Le Pouvoir des Fables, toute paro­le semble inutile, tout fatigue, les dieux en particulier en sont les premiers fatigués VIII, 5, tout est déformé VI11, 6, Les Femmes et le Secret et vain, bons mots pour les sots 8 ou hâbleries 9. Alors, mieux vaut se taire et rêver de pure amitié 11, sans illusion. La parole est utile lorsqu’elle inter­vient dans une société fondée sur son illusion 14 mais se heurte à la réalité 15. Il faudrait, face aux faux dis­cours 16, savoir s’entraider 17 et préférer la morale, l’apologue, à l’ignorance et au bavardage 18, 19, mais est-ce au moins possible ? Même Jupiter parle en vain 20 et l’on doit résister aux mots et aux conseils des autres 21 pour se sauver soi-même. Aucune confiance ne doit donc être faite aux apparences, le naturel est le naturel et le chat reste un chat, malgré son discours 22, 25, 26 le sage se méfie des entretiens frivoles. Le lan­gage tue, sauve aussi lorsqu’on le maîtrise dans une société fondée sur ses jeux et ses apparences, mais à condition qu’on ne le croie, à aucun moment, véritable. La communication vraie, fondée sur les vertus de l’amitié et de l’entraide, est bien loin, à l’horizon du texte, mais n’est-elle pas seulement une vue de l’esprit ? Le Savetier et le Financier, Les Deux Chiens et l’Âne mort nous apprennent qu’il faut renoncer aux ambitions mortelles et rester dans son monde. L’exemple du chien qui porte à son cou le dîner de son maître montre que la cupidité est universelle, et que l’éducation est une vertu qui n’est jamais définitive puisqu’on peut la perdre. L’homme, guetté par la mort, se débat dans un univers trompeur dans lequel il doit se méfier de ses sem­blables, mais ce même homme ne peut, et c’est sa destinée, que rester dans le monde et, malgré tout, en jouir Le Loup et le Chasseur Il faut que l’on jouisse ». Livre IX Le livre IX expose l’ordre de l’univers et suggère une morale quasi religieuse. L’homme, par nature, est amené à trop vouloir. Le pigeon apprend qu’il aurait mieux fait de rester au gîte 2, il vaut mieux que les arbres aient des glands que des citrouilles 3, le pédant a tort de vouloir trop corriger ses élèves 5 l’ordre est divers, certes 7, 12, mais il est ordre et loi, supérieur à toute autre loi, en particulier païenne 6. Ne changeons rien, évitons les disputes 9, fuyons ceux qui vendent la sagesse 8, ne nous fions pas à l’hypocrisie 14 et connaissons notre nature, même si dans l’excès réside une sorte de grandeur 15. Est-ce pour autant une nature divine, y a-t-il un dieu qui gère le monde ? Les prières sont bien vaines 13 et Dieu reste impénétrable 16. Vivons donc, mais en pleine défiance des autres, des flatteurs 17, des plaisirs et des mythes 18, des harangues 19, et reconnaissons l’ordre gassendiste le discours à Mme de la Sablière les animaux ont une âme terrestre, les hommes ont une âme céleste et terrestre. Les allers et retours entre l’homme et Dieu, dans ce livre, témoignent d’une orga­nisation de l’univers en tant qu’ordre divers, multiple, et de ses déviations. Le Singe et le Léopard, méditation sur la diversité, peut nous surprendre, mais peut entrer dans la cohé­rence car il insiste sur les apparences... Livre X Le livre X montre l’homme dominant la nature et ses semblables 1 l’homme est dévoration, les animaux sont dévoration, la nature est dévoration 1, 3, 5 la chaîne est constituée avec rigueur. L’homme est à la fois le roi des animaux et leur tyran 8. Il faut donc éviter les rois 9, comme les animaux doivent éviter les hommes 10, 11, 12, jusqu’à Dieu, peut-être, qui foudroie les hommes Discours à M. le duc de La Rochefoucauld. Dans ces conditions, pourquoi La Tortue et les deux Canards 2, L’Enfouisseur et son Compère 4, Les deux Aventuriers et le Talisman 13, condamnant l’impuden­ce, le babil et la sottise ? Peut-être pour consoler les faibles en leur disant qu’on peut tromper les trompeurs et que la puissance est une ombre. Garder l’ordre et se consoler, surtout ne rien changer de peur que tout soit pire encore... Livre XI Le livre XI revient aux puissants et à la politique, peut-être à la guerre de Hollande. 11 faut céder au lion ou l’empêcher de grandir. Lorsqu’il est grand, il faut faire avec 1. Il faut avoir le désir de plaire et compter sur soi 2, 3 et, si l’on peut, fuir loin de la Cour 4, parce qu’il n’y a pas grand-chose à attendre des rois et que les plaines danubiennes lui sont préférables, même si Louis sait dompter l’Europe Épilogue. Restent donc la sauvagerie du paysan du Danube ou le jardin du vieillard comme seules issues. Mais pourquoi le renard est-il représenté trompant le loup 6 ? Que vient faire le chat-huant accumulateur 1 ? Des leçons politiques peuvent en être tirées le loup travaille pour le renard qui travaille pour le roi, le roi-hibou conserve de la chair fraîche et grasse pour se repaître... Articles liés aux Fables de La Fontaine La fable définition, caractéristiques et exemples L'apologue analyse du texte "Le pouvoir des fables" de jean de La Fontaine. La laitière et le pot au lait lecture analytique
Bonjourtout le monde ! Voilà, j'ai une dissertation à faire sur les fables de la Fontaine et plus particulièrement leur aspect éducatif car en effet, Rousseau ne pensent pas quelles sont destinées aux enfants. Pour mon plan j'ai, dans une première partie illustré la thèse de Rousseau puis les an

Vous êtes iciAccueil › Recherche › Document › enseignant › La Bruyère, Les Caractères › Sarraute, Enfance › La Fontaine, Fables livres VII à XI 1re G Dissertation sur les Fables de la Fontaine Objet d'étude La littérature d’idées... Œuvre La Fontaine, Fables ... Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale 1re G Dissertation sur les Fables de la Fontaine Objet d'étude La littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle Œuvre La Fontaine, Fables livres VII à XI Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale La Fontaine apologue moralité morale animal XVIIe 1re T Contraction et essai en écho avec les Fables de la Fontaine Objet d'étude La littérature d’idées... Œuvre La Fontaine, Fables ... Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale 1re T Contraction et essai en écho avec les Fables de la Fontaine Objet d'étude La littérature d’idées du XVIe au XVIIIe siècle Œuvre La Fontaine, Fables livres VII à XI Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale animal fiction La Fontaine argumentation 1re T Contraction et essai Objet d'étude Le roman et le récit du... Œuvre Sarraute, Enfance Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale 1re T Contraction et essai Objet d'étude Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle Œuvre Sarraute, Enfance Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale Sarraute XXe autobiographie essai contraction 1re G Dissertation autour des Caractères de La Bruyère Objet d'étude La littérature d’idées... Œuvre La Bruyère, Les... Type pédagogique Exploitation de l’œuvre intégrale 1re G

DISSERTATIONPréambule du professeur On trouve déjà le thème de la « cognée » dans le Second Livre des Rois (il s'agit des rois de Juda et Israël), chapitre VI, versets 1 à 7, intitulé « La Cognée d'un fils des prophètes ». Elisée, « homo dei », le prophète, accomplit un miracle, selon les textes vétéro-testamentaires.
Méthode de la dissertation Analyser le sujet Tout d’abord, il convient d’analyser le sujet qui vous est donné à traiter. Cela se passe en plusieurs temps. La formulation du sujet D’abord, s’interroger sur la formulation du sujet, qui est généralement une question. Dans l’exemple Quel est le but de La Fontaine en écrivant les Fables ? », la question s'intéresse à l’intérêt pour La Fontaine d’écrire ses fables. La problématique à traiter est donc de l’ordre de l’utilité à quoi servent les fables de La Fontaine ? Un bon moyen de saisir l’enjeu d’une formulation est ainsi de reformuler la question, comme nous venons de le faire. Les notions à définir Un sujet de dissertation comporte toujours différentes notions, qu’il importe de correctement définir pour, d’une part, montrer au correcteur que le sujet a bien été compris et, d’autre part, identifier les potentielles tensions contenues dans le sujet. Dans l’exemple Quel est le but de La Fontaine en écrivant les Fables ? », il faut savoir ce qu’est un but » et une fable ». Le but, lorsqu’on s’attache à le définir, peut revêtir différents aspects est-ce un but social ? Est-ce un but économique ? etc. Les présupposés Enfin, une question suppose toujours des sous-entendus, ou des idées implicites. Il s’agit pour vous de les identifier, selon les articles, les adverbes ou les formules restrictives comme toujours » ou nécessairement ». Dans l’exemple Quel est le but de La Fontaine en écrivant les Fables ? », on présuppose que La Fontaine écrit avec une idée en tête. Le plan Une fois le sujet analysé, vous devez être capable de construire un plan de deux ou trois parties, à partir d’une problématique. La problématique peut être exactement la même que le sujet, s’il s’agit d’une question. Mais l’analyse du sujet peut aussi vous faire aboutir à une autre question, qui vous semble plus pertinente, ou directement liée à celle qui vous a été posée. Les deux ou trois parties doivent être liées d’une manière logique. 1ère partie on fait état d’une première réponse, qui se révèle en fait superficielle. La fin de cette partie manifeste le caractère incomplet de cette réponse 2ème partie on y montre les limites de la première partie, sans pour autant se contredire sinon, à quoi bon avoir écrit la première partie ?. Il faut s’attacher à dépasser plutôt ces limites, c’est-à-dire à approfondir dans un sens ou dans un autre ce qui a été montré au début 3ème partie ce n’est pas une partie nécessaire. Si vous la rédigez, c’est que les deux premières parties vous semblent insuffisantes et que les réponses apportées ont encore quelques limites. Sur votre brouillon, ces parties là ne doivent pas être rédigées. Dans l’idéal, il y figure les exemples que vous allez utilisez pour appuyer votre argumentation ainsi que les transitions comment passer d’une sous-partie à une autre d’une manière cohérente et logique ?. Vous cherchez du soutien scolaire à domicile ? Rédiger l’introduction et la conclusion Au brouillon, il vous faut en revanche rédiger l’introduction et la conclusion. La rédaction de celles-ci ne doit intervenir qu’une fois l’analyse du sujet et votre plan terminés. l’introduction elle doit faire apparaître l’analyse du sujet que vous avez menée. Ainsi, il s’agit de définir les termes du sujet qui posent problème et de montrer en quoi le sujet est problématique. On peut pour cela s’aider du sens comment. Elle se termine sur l’annonce de votre problématique et l’annonce de votre plan. La conclusion elle propose un bilan de votre réflexion. Attention elle n’est pas un résumé de votre développement. Vous devez y exposer la solution à votre problématique et mettre en lumière les difficultés qui subsistent encore. On ne cite pas d’auteur, ni d’exemple, et on ne propose pas d’ouverturee Rédiger le développement Le développement comprend vos parties, elles-mêmes composées de sous-parties. Il ne faut pas y mettre les titres, comme ici. Contentez-vous d'annoncer explicitement leur sujet - ce que vous allez y traiter. Il faut y mettre des exemples tirés de vos lectures, en faisant référence à des passages précis. Les citations sont également bienvenues. Il faut s’assurer de la logique entre les parties et les sous-parties de bonnes transitions vous rapporteront beaucoup de points. Evidemment, il faut soigner l’orthographe et le vocabulaire ! Les correcteurs y sont sensibles, et ce sont-là des points aisément gagnés ! 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Regroupées dans trois recueils entre 1668 et 1694, pour un total de deux cent quarante trois fables, elles furent inspirées à Jean de La Fontaine par les antiques Esope, Babrius et Phèdre. Elles mettent généralement en scène des animaux anthropomorphes et contiennent, presque systématiquement, une morale. Mais parce qu’elles semblent d’une lecture assez simple, malgré la langue du XVIIe siècle, parce que les morales semblent claires et sont devenues proverbiales, parce qu'elles sont devenues incontournables dans l'enseignement de l'école primaire, on a tendance à sous-estimer la valeur didactique de ces écrits. Car, au moment d'étudier les fables de La Fontaine, il nous appartient de restituer le contexte socio-historique dans lequel elles ont été écrites. Jamais, La Fontaine ne s'est seulement fait bouffon du Roi ; son but était plutôt double, conformément à la formule latine placere et docere » - plaire et instruire ». Pourtant, dire cela ne suffit pas. Annonce de la problématique Pouvons-nous, par l'étude de ces Fables, déterminer leur but ? Ou même, leurs buts ? Annonce des axes Nous verrons dans un premier temps quels sont les moyens de La Fontaine pour rendre ses fables agréables à la lecture. Mais dans un second temps, il faudra voir quel est l'intérêt, pour lui, de les rendre agréables, puisque le simple plaisir d'être lu ne semble pas suffisant pour expliquer leur production. Jean de la Fontaine est sans aucun doute le plus grand représentant du genre de la fable en France ! Développement Des fables qui plaisent Il est incontestable que les fables écrites par La Fontaine ont la volonté de plaire. Ceci est perceptible à travers plusieurs points. L'art de l'apologue lui-même, dont elles sont issues, avait déjà cet objectif - incontournable, en outre, de toute production littéraire. Mais le genre de la fable s'émancipe de l'apologue pour établir sa propre poétique, avec ses propres rythmes et ses propres registres. Enfin, l'aspect merveilleux qu'elle contient vise également à émerveiller le lecteur pour mieux retenir son attention. L’art ancestral de l’apologue Si on assimile un peu trop vite les fables à la littérature de jeunesse, il faut d’abord contextualiser la production et la diffusion de l’œuvre pour en comprendre les enjeux. Nous sommes au XVIIe siècle, siècle de Louis XIV, le Roi Soleil. La production artistique, dont la littérature, est destinée à un public cultivé et privilégié économiquement. La culture appartient au pouvoir, et sans l’appui de mécènes » et de protecteurs », toute production est impossible. C’est ainsi que La Fontaine dédie la première fable de chacun de ses livres à un personnage important Madame de Montespan la favorite du roi c’est donc un moyen indirect de toucher le souverain. Mais suivent d'autres grands noms de l'époque Monseigneur le Dauphin le fils du roi Louis XIV et de la reine Marie-Thérèse ; Monseigneur le Duc de Bourgogne le livre XII ; ou encore à Madame de la Sablonnière. C'est là une première preuve de la volonté de La Fontaine de plaire il évolue dans un milieu social précis, régi par des codes, et qu'il appartient de maîtriser pour pouvoir continuer à exister. D'ailleurs, La Fontaine ne manifeste pas autre chose lorsqu'il écrit dans la préface de son Livre I On ne considère en France que ce qui plaît c’est la grande règle, et, pour ainsi dire, la seule. » Néanmoins, les débuts d'ouvrage ne servent pas que les dédicaces aux hauts personnages. Ils précisent également l'enjeu et l'inspiration de l'auteur. Dès le premier livre, le principal modèle est ainsi explicité dans le court poème A Monseigneur Le Dauphin » Je chante les héros dont Ésope est le père ». Esope est un écrivain grec ayant vécu entre le VIIème et le VIème av. J-C. Il passe pour être l'inventeur de la fable et, de fait, La Fontaine reprend nombre de ses productions, comme Le Loup et l'Agneau » ou La Tortue et le Lièvre ». Les fables comportent toujours une morale qui donne à réfléchir à un sujet important de la société ! En invoquant son nom, La Fontaine se place d'emblée sous l'autorité d'un auteur antique. Il manifeste par là sa volonté de s'inscrire dans une tradition et revendique lui-même une parenté, pour être intégré à la caste des grands auteurs. Car l'apologue, qui est un court récit se terminant par une morale, descend d'une longue tradition littéraire, sans limite géographique. La Fontaine se fait ainsi à la fois le porte-parole et le continuateur d'un genre à succès. Le Moyen-Age est à l'origine de la fable Le Corbeau et le Renard », qui apparaît dans Le roman de Renart ; les traditions indiennes et arabes lui ont inspiré Les Animaux malades de la peste » ou Les poissons et le Cormoran ». Néanmoins, La Fontaine donne au genre une véritable poétique ; il lui donne une nouvelle forme, en tant qu'il s'inscrit dans la modernité de son époque, et vise à renouveler des histoires universelles. Vous pouvez approfondir vos connaissances grâce au soutien scolaire en ligne. Une poétique de la fable Mais il y a aussi un aspect plaisant de la fable qui lui est propre, c’est-à-dire qui dépend de sa composition c’est la poétique de la fable. Il faut plaire, et cela passe aussi par la forme. La fable réclame la concision, et une dynamique de lecture efficace. Dans la fable La Laitière et le pot au lait », par exemple, nous avons dans les trois premiers vers toute l’essence de la fable qui va suivre Perrette sur sa tête ayant un Pot au lait Bien posé sur un coussinet, Prétendait arriver sans encombre à la ville. » Il y a d'abord la présentation du personnage, Perrette », prénom hypocoristique qui exprime une intention affectueuse, grâce au suffixe -ette », qui déjà nous présente un personnage pour qui nous avons de la sympathie ; il y a ensuite le Pot au lait », objet qui permet le rêve tout ce qu’elle pourra acheter en le revendant ; et la situation critique, avec prétendait arriver sans encombre à la ville » toute la fragilité de la démarche tient dans ce verbe prétendait » qui laisse deviner au lecteur attentif le drame qui va se jouer… Nous sommes dans une forme versifiée, qui est donc une forme poétique. La versification a un rôle essentiel dans le récit. Ce qui caractérise la versification des fables est l’hétérométrie les vers ont des longueurs différentes qui viennent toujours épouser le sens ou l’impression qu’ils doivent dégager. Le fond et la forme se rejoignent. Ainsi, on trouve des vers courts pour l’action, vers longs pour les sentiments le lyrisme c’est le cas, par exemple, dans la fable Les deux pigeons » l’aventure du voyage est rythmée par des vers courts et nerveux La Volatile malheureuse, Qui, maudissant sa curiosité, Traînant l’aile et tirant le pié, Demi-morte et demi-boiteuse, Droit au logis s’en retourna Que bien, que mal elle arriva Sans autre aventure fâcheuse. » La deuxième partie du poème, très lyrique, présente plutôt des vers longs, et un rythme ample Hélas! Quand reviendront de semblables moments? Faut-il que tant d’objets si doux et si charmants Me laissent vivre au gré de mon âme inquiète? Ah! si mon cœur osait encor se renflammer ! » La Fontaine utilise tous les moyens et tous les procédés du poème pour agrémenter ses moralités. L’art de La Fontaine consiste à donner l’impression d’une fluidité et d’une facilité, c’est-à-dire d’une légèreté qui est synonyme de plaisir pour le lecteur. Ailleurs dans la préface du livre 1, La Fontaine précise même le rôle de ses fables, et l’utilisation d’animaux Tout parle en mon ouvrage, et même les poissons Ce qu’ils disent s’adresse à tous tant que nous sommes ; Je me sers d’animaux pour instruire les hommes. » Plaire » pour instruire », à travers les animaux », l’humour même les poissons »…, voire l’ironie. Un bestiaire symbolique Il y a une caractéristique essentielle à cet aspect plaisant de la fable, c’est son aspect merveilleux. Le merveilleux » s’inscrit dans la tradition médiévale et chrétienne c’est ce qui surpasse la réalité et donne un sens supérieur aux choses. Dans Les Fables, le merveilleux est surtout présent à travers les animaux. C’est l’ensemble des animaux, ce qu’on appelle le bestiaire, qui donne au livre cet aspect fascinant qui est encore aujourd’hui très efficace. Le choix des animaux n’a jamais rien de gratuit ou d’aléatoire, et il faut, quand on aborde une fable, comprendre toute la portée symbolique, parfois complexe des bêtes utilisées. Même si, bien souvent, la symbolique nous semble évidente notamment parce que La Fontaine est devenu très connu et que c’est par lui justement que la représentation symbolique des animaux est entrée dans les mœurs comme pour le lion, qui symbolise la puissance, la royauté, le pouvoir ; le renard, la ruse, la duperie, l’intelligence malicieuse ; le loup », la violence et la cruauté ; l’ âne », le travailleur, l’honnêteté, mais aussi la bêtise. Car certains animaux ont une symbolique plus complexe qui invite à une lecture plus fine. Comme, par exemple, dans Les obsèques de la Lionne », où le Cerf est à la fois le serf », c’est-à-dire l’esclave du roi, mais aussi le symbole du Christ un cerf apparaît par exemple à Saint-Eustache, c’est-à-dire du martyre, et de la rédemption. En fait, la symbolique est toujours un peu plus complexe qu’il n’y paraît, autant que le sens particulier d’une fable peut l’être c’est cela aussi le plaisir, chercher le vrai propos de ce qui est enseigné ». Transition Plaire » ne signifie pas seulement répondre à l’attente des lecteurs il s’agit de s’inscrire dans une tradition ancestrale et de savoir manier les techniques poétiques. C’est aussi cela qui donne plus de crédit aux leçons morales », qui permet aussi de leur donner plus de force. Et qui finissent par instruire Les fonctions de la Fable Placere et docere », plaire et instruire », plaire en instruisant » peut-on lire dans la première fable des Fables, voilà les deux principales fonctions de l’art de l’apologue, qui sont en fait inséparables. La Fontaine revient à plusieurs reprises sur ce rôle des fables. Souvent, comme nous l’avons déjà souligné, dans les fables dédicacées à des personnages importants les premières fables de chaque livre, mais aussi au fil des fables elles-mêmes, comme par exemple, dans celle intitulée justement Les Fonctions de la fable ». À la fois critique de l’inertie des auditeurs, critique de leur propension à préférer s’amuser plutôt qu’à envisager sérieusement le danger qui les guette l’invasion macédonienne de la Grèce, comme elle a eu effectivement lieu, mais aussi éloge de l’efficacité, voire de la nécessité de l’apologue sans plaire, il est impossible d’instruire sans la fable, il est impossible d’attirer l’attention c’est la captatio benevolentiae antique. La Fontaine l'affirme lui-même, dans la fable Le Pâtre et le Lion » Une morale nue apporte de l'ennui Le conte fait passer le précepte avec lui. » Et, en parallèle conter pour conter me semble peu d’affaire ». D’un côté nous avons l’affirmation que la morale seule est rébarbative, inefficace, inutile ; de l’autre, nous avons la dénonciation du divertissement gratuit. L’art de La Fontaine, c’est allier l’utile à l’agréable. La morale et les moralités Évidemment, la moralité la formule concise qui vient résumer le propos moral de la fable semble être une des caractéristiques principales de la fable. Une fable est une histoire plus une moralité qui vient en éclaircir le sens. Pourtant, dans les faits, l’affaire est plus compliquée. Nous relevons en effet différents cas de figure, que l’on peut regrouper en deux catégories. D’abord, la morale peut être explicite, c’est le cas le plus fréquent peut-être, et celui qu’on attend naturellement. La morale est alors énoncée clairement, soit en fin de fable, soit en début, parfois au milieu. Ainsi Il se faut entr’aider, c’est la loi de nature », VIII, 17 ; En toute chose il faut considérer la fin », III, 5 ; Ils demandèrent la sagesse / C’est un trésor qui n’embarrasse point », VII, 6, etc. Ces formules explicites sont devenues parfois proverbiales Adieu veau, vache, cochon, couvée ! » dans La Laitière et le Pot au lait ». Les Fables de La Fontaine / dessins originaux de Grandville 1837-1838 On en trouve aussi parfois plusieurs dans la même fable comme dans Les deux pigeons » L’absence est le plus grand des maux », Soyez-vous l’un à l’autre un monde toujours beau, / Toujours divers, toujours nouveau ; / Tenez-vous lieu de tout, comptez pour rien le reste. », ou encore sur l’enfance cet âge est sans pitié ». Mais la morale peut être aussi implicite, c’est-à-dire qu’elle n’est pas clairement énoncée, et que c’est au lecteur de la formuler. Nous pouvons prendre comme exemple la fable Le Chêne et le Roseau », où La Fontaine ne prend pas la peine de préciser le sens de son récit qui pourrait être La loi du plus fort n’est pas toujours la meilleure ». La Cigale et la Fourmi », fable très connue, ne présente pas non plus de morale claire. C’est aussi parce que le rôle de la fable est didactique le lecteur doit faire l’effort de chercher, de comprendre, d’interpréter c’est ce qu’on appelle un travail d’herméneutique. En général, cependant, un idéal de simplicité et de modestie se dégage de ces axiomes, de ces morales, comme dans Le Savetier et le Financier » ou dans Les deux pigeons » où l'un des deux pigeons quitte sa moitié » son ami pour aller à l’aventure où il n’essuie que des déconvenues avant de rentrer chez lui. La morale – implicite – étant qu’il faut mieux rester là où on se sent bien plutôt que de courir à l’aventure. Il critique aussi l’hypocrisie, le pouvoir excessif et injuste dans la grande tradition des moralistes antiques. Il y a donc parfois une portée politique de la fable, comme dans Les Obsèques de la Lionne » Amusez les Rois par des songes, Flattez-les, payez-les d’agréables mensonges, Quelque indignation dont leur cœur soit rempli, Ils goberont l’appât ; vous serez leur ami. » Cette morale acerbe est évidemment pleine d’ironie. La Fontaine est loin ici d’être le conteur pour enfants qu’on voudrait qu’il soit. La Fontaine renoue avec la sagesse antique », et plus précisément la philosophie épicurienne il faut savoir profiter de la vie, oui, mais sans chercher à obtenir ce qu’on ne peut pas avoir, sans chercher à avoir trop. En fait, nous dit La Fontaine tout au long des fables, c’est que profiter de la vie, c’est profiter de ce qu’on a. Un moraliste très peu moralisateur Ainsi, il ne faut pas croire que la morale des fables est toujours celle qu’on croit. Il faut se rappeler que La Fontaine est un libre penseur » ce qu’on appelle à l’époque un libertin » même s’il se protège la condamnation royale ou religieuse peut être sévère, il est plus subversif qu’on veut bien le croire. C Comme nous l’avons vu avec Les Obsèques de la Lionne », il se permet de critiquer le pouvoir absolu et l’hypocrisie des courtisans des gens de la cour. La même ironie est également présente dans une morale comme Il n’est pas toujours bon d’avoir un haut Emploi » I, 4. Louis XIV and His Family, Nicolas de Largillierre, 1710 Mais il faut aussi relire les fables sous un œil neuf la morale qu’on veut nous enseigner n’est peut-être pas celle que La Fontaine voulait faire passer tout dépend de l’interprétation de la charge ironique de certaines fables. Prenons un exemple célèbre La Cigale et la Fourmi ». Quel est le sens de cette fable ? Beaucoup s’accorderaient à dire que La Fontaine critique l’oisiveté, et engage au travail. Pourtant, plusieurs éléments viennent contredire cette version. D’abord, parce que la morale est implicite et qu’il faut toujours se méfier des morales implicites c’est un appel clair à l’interprétation du lecteur. C’est un moyen pour La Fontaine de se protéger des censeurs. Ensuite, par la symbolique des animaux la cigale chante, elle est un animal du soleil du sud, elle est sympathique, elle respire la joie de vivre et le bonheur ; au contraire, la fourmi est un animal vil elle est petite, méprisable, et elle ne fait que suivre ses congénères. Nous serions davantage enclin à préférer la cigale à la fourmi… Enfin, la fourmi, dans la fable, apparaît comme avare et méchante elle se moque de la cigale, elle est pleine de ressentiment, elle est jalouse de la liberté de la cigale, et ne trouve son plaisir qu’au moment où celle-ci est en difficulté. Ce que critique La Fontaine est davantage l’avarice et la méchanceté que l’oisiveté qui, de plus, est une valeur positive dans l’Antiquité, puisque le travail est le fait des esclaves. La Fontaine, qui a écrit des contes érotiques, n’est peut-être pas le moralisateur qu’on voudrait bien croire… Être moraliste », c’est cerner les défauts des gens, non pas leur inculquer une morale. Conclusion Les Fables sont l’œuvre d’une vie. La Fontaine y déploie toute la fantaisie, toute la créativité, tout le talent dont il est capable. Il y montre son expérience, son savoir, mais aussi sa faculté à cerner les défauts des gens et de son époque. Loin de la littérature de divertissement, c’est une œuvre de sagesse, presque philosophique, que nous offre La Fontaine, et il faut la lire de cette manière-là. Placere et docere », comme le suggérait déjà le philosophe Lucrèce, élève du matérialiste antique Épicure. C’est cette générosité, cette richesse de l’œuvre qui demeure et qui fascine toujours. Mais il serait dommage de s’arrêter à La Fontaine. Beaucoup d’autres auteurs ont écrit des fables, certains en écrivent encore, et il est non seulement intéressant de les comparer, mais aussi, simplement, de lire ce qu’ils ont à nous dire Jean-Pierre Claris de Florian, Antoine Houdar de la Motte, Antoine Furetière ou encore Charles Perrault.
ocyIe.
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