Il est d’abord important de noter que La Fontaine a pris grand soin de ne pas rĂ©unir ses textes au hasard, puisque leur classement ne correspond pas aux dates de composition qu’on peut connaĂ®tre. Il y a donc une volontĂ© - qu’elle rĂ©ponde Ă une stratĂ©gie de la dĂ©soÂrientation ou Ă l’installation d’une problĂ©matique ou de plusieurs problĂ©matiques - il y a une volontĂ© derrière ce faux dĂ©sordre. En outre, il est clair que par moments, l’articulation des fables correspond nettement Ă la volontĂ© d’instituer des micro-sĂ©quences thĂ©matiques, des suites les fables 9 Ă 14 du livre VII traitent de la forÂtune, les fables 10 et 11 du livre VIII, de l’amitiĂ©, les fables 1, 3, 5, 7, 14, du livre X, de la souverainetĂ© et de la tyrannie de l’homme sur les animaux, etc. Mais sur l’ensemble du recueil, que voit-on ? Livre VII Du flĂ©au de la guerre ?, Les Animaux malades de la peste, Ă l’hymne Ă la paix, Un Animal dans la lune. Le livre VII est centrĂ© sur les questions de la paix et de la guerre et plus spĂ©cifiquement de la guerre de Hollande, moins glorieuse qu’on l’a souvent cru. La guerre ne retombant ni sur le roi ni sur les Grands, elle retombe sur l’âne, comme les impĂ´ts sur le peuple. La guerre ne modère pas l’égoĂŻsme du clergĂ© VII, 3. L’une des leçons est qu’on ne s’est pas accommodĂ© entre nations et qu’on y a beaucoup perdu Le HĂ©ron et la Fille, VII, 4 en voulant trop gagner. La seconde morale est que le monde est happĂ© par le trop » trop vouloir, trop conquĂ©rir... Ce qu’il faut rechercher c’est la mĂ©diocritĂ© » et la sagesse Les Souhaits, VII, 5, et ce n’est pas Ă la Cour vrai charnier qu’on l’apprend la Cour sent la mort, on n’y peut ni blâmer, ni louer VII, 6. Il est alors proprement dangereux de mĂ©diter, parce qu’on devient vulnĂ©rable devant la force Les Vautours et les Pigeons, VII, 7 et que l’on devient proie. Ceux qui ne mĂ©ditent pas, ceux qui s’agitent et font les imporÂtuns Le Coche et la Mouche, VII, 8 en sont les parasites et accroissent les difficultĂ©s de l’État. Outre l’agitation des uns, la violence des autres, il y a aussi le rĂŞve dĂ©raiÂsonnable qui mène le monde et entraĂ®ne les guerres picrocholines ou autres et fait tout chuter VII, 9,10. Il ne faut donc pas courir après la fortune VII, 11. Il est trop facile de se faire gloire de ses succès et d’attriÂbuer Ă la Fortune ses propres revers personnels VII, 13, d’autant que le monde est parcouru d’opinions fausses sur lesquelles il est aisĂ© de jouer VII, 14. Dans ce monde violent, il n’y a pas de mĂ©diateur possible, surtout lorsqu’il est Ă©manation de l’État VII, 15, fĂ»t-il juge, et ce monde ne court que vers la division et la mort VII, 16. Devant ce tableau fort sombre des folies et des horreurs de la guerre et du pouvoir, la modĂ©raÂtion des hommes et des rois est-elle encore possible ? L’espoir rĂ©siderait-il dans la paix et la science, puisque l’Angleterre nous en donne l’exemple VII, 17 ? Reste la deuxième fable du livre VII, sorte de fabliau qu’on a bien du mal Ă relier Ă la dĂ©monstration, sauf Ă considĂ©rer qu’on reporte sur les affaires privĂ©es l’horÂreur des querelles publiques, mais c’est Ă©videmment difficile et peu lĂ©gitime. Livre VIII La mort et les jeux de langage sont les deux topiques du livre VIII. De la fable La Mort et le Mourant Ă celle titrĂ©e Le Loup et le Chasseur, la cruautĂ© de la mort encadre une rĂ©flexion sur les charmes et les mĂ©faits de la parole. Grâce au discours faux, on peut se tirer d’affaire et tuer les autres VIII, 3, Le Lion, le Loup et le Renard ; l’éloÂquence de DĂ©mosthène est inopĂ©rante au point qu’il faut se fonder sur les rĂ©cits et les contes pour sĂ©duire les hommes VIII, 4, Le Pouvoir des Fables, toute paroÂle semble inutile, tout fatigue, les dieux en particulier en sont les premiers fatiguĂ©s VIII, 5, tout est dĂ©formĂ© VI11, 6, Les Femmes et le Secret et vain, bons mots pour les sots 8 ou hâbleries 9. Alors, mieux vaut se taire et rĂŞver de pure amitiĂ© 11, sans illusion. La parole est utile lorsqu’elle interÂvient dans une sociĂ©tĂ© fondĂ©e sur son illusion 14 mais se heurte Ă la rĂ©alitĂ© 15. Il faudrait, face aux faux disÂcours 16, savoir s’entraider 17 et prĂ©fĂ©rer la morale, l’apologue, Ă l’ignorance et au bavardage 18, 19, mais est-ce au moins possible ? MĂŞme Jupiter parle en vain 20 et l’on doit rĂ©sister aux mots et aux conseils des autres 21 pour se sauver soi-mĂŞme. Aucune confiance ne doit donc ĂŞtre faite aux apparences, le naturel est le naturel et le chat reste un chat, malgrĂ© son discours 22, 25, 26 le sage se mĂ©fie des entretiens frivoles. Le lanÂgage tue, sauve aussi lorsqu’on le maĂ®trise dans une sociĂ©tĂ© fondĂ©e sur ses jeux et ses apparences, mais Ă condition qu’on ne le croie, Ă aucun moment, vĂ©ritable. La communication vraie, fondĂ©e sur les vertus de l’amitiĂ© et de l’entraide, est bien loin, Ă l’horizon du texte, mais n’est-elle pas seulement une vue de l’esprit ? Le Savetier et le Financier, Les Deux Chiens et l’Âne mort nous apprennent qu’il faut renoncer aux ambitions mortelles et rester dans son monde. L’exemple du chien qui porte Ă son cou le dĂ®ner de son maĂ®tre montre que la cupiditĂ© est universelle, et que l’éducation est une vertu qui n’est jamais dĂ©finitive puisqu’on peut la perdre. L’homme, guettĂ© par la mort, se dĂ©bat dans un univers trompeur dans lequel il doit se mĂ©fier de ses semÂblables, mais ce mĂŞme homme ne peut, et c’est sa destinĂ©e, que rester dans le monde et, malgrĂ© tout, en jouir Le Loup et le Chasseur Il faut que l’on jouisse ». Livre IX Le livre IX expose l’ordre de l’univers et suggère une morale quasi religieuse. L’homme, par nature, est amenĂ© Ă trop vouloir. Le pigeon apprend qu’il aurait mieux fait de rester au gĂ®te 2, il vaut mieux que les arbres aient des glands que des citrouilles 3, le pĂ©dant a tort de vouloir trop corriger ses Ă©lèves 5 l’ordre est divers, certes 7, 12, mais il est ordre et loi, supĂ©rieur Ă toute autre loi, en particulier paĂŻenne 6. Ne changeons rien, Ă©vitons les disputes 9, fuyons ceux qui vendent la sagesse 8, ne nous fions pas Ă l’hypocrisie 14 et connaissons notre nature, mĂŞme si dans l’excès rĂ©side une sorte de grandeur 15. Est-ce pour autant une nature divine, y a-t-il un dieu qui gère le monde ? Les prières sont bien vaines 13 et Dieu reste impĂ©nĂ©trable 16. Vivons donc, mais en pleine dĂ©fiance des autres, des flatteurs 17, des plaisirs et des mythes 18, des harangues 19, et reconnaissons l’ordre gassendiste le discours Ă Mme de la Sablière les animaux ont une âme terrestre, les hommes ont une âme cĂ©leste et terrestre. Les allers et retours entre l’homme et Dieu, dans ce livre, tĂ©moignent d’une orgaÂnisation de l’univers en tant qu’ordre divers, multiple, et de ses dĂ©viations. Le Singe et le LĂ©opard, mĂ©ditation sur la diversitĂ©, peut nous surprendre, mais peut entrer dans la cohĂ©Ârence car il insiste sur les apparences... Livre X Le livre X montre l’homme dominant la nature et ses semblables 1 l’homme est dĂ©voration, les animaux sont dĂ©voration, la nature est dĂ©voration 1, 3, 5 la chaĂ®ne est constituĂ©e avec rigueur. L’homme est Ă la fois le roi des animaux et leur tyran 8. Il faut donc Ă©viter les rois 9, comme les animaux doivent Ă©viter les hommes 10, 11, 12, jusqu’à Dieu, peut-ĂŞtre, qui foudroie les hommes Discours Ă M. le duc de La Rochefoucauld. Dans ces conditions, pourquoi La Tortue et les deux Canards 2, L’Enfouisseur et son Compère 4, Les deux Aventuriers et le Talisman 13, condamnant l’impudenÂce, le babil et la sottise ? Peut-ĂŞtre pour consoler les faibles en leur disant qu’on peut tromper les trompeurs et que la puissance est une ombre. Garder l’ordre et se consoler, surtout ne rien changer de peur que tout soit pire encore... Livre XI Le livre XI revient aux puissants et Ă la politique, peut-ĂŞtre Ă la guerre de Hollande. 11 faut cĂ©der au lion ou l’empĂŞcher de grandir. Lorsqu’il est grand, il faut faire avec 1. Il faut avoir le dĂ©sir de plaire et compter sur soi 2, 3 et, si l’on peut, fuir loin de la Cour 4, parce qu’il n’y a pas grand-chose Ă attendre des rois et que les plaines danubiennes lui sont prĂ©fĂ©rables, mĂŞme si Louis sait dompter l’Europe Épilogue. Restent donc la sauvagerie du paysan du Danube ou le jardin du vieillard comme seules issues. Mais pourquoi le renard est-il reprĂ©sentĂ© trompant le loup 6 ? Que vient faire le chat-huant accumulateur 1 ? Des leçons politiques peuvent en ĂŞtre tirĂ©es le loup travaille pour le renard qui travaille pour le roi, le roi-hibou conserve de la chair fraĂ®che et grasse pour se repaĂ®tre... Articles liĂ©s aux Fables de La Fontaine La fable dĂ©finition, caractĂ©ristiques et exemples L'apologue analyse du texte "Le pouvoir des fables" de jean de La Fontaine. La laitière et le pot au lait lecture analytique
Bonjourtout le monde ! Voilà , j'ai une dissertation à faire sur les fables de la Fontaine et plus particulièrement leur aspect éducatif car en effet, Rousseau ne pensent pas quelles sont destinées aux enfants. Pour mon plan j'ai, dans une première partie illustré la thèse de Rousseau puis les an
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DISSERTATIONPréambule du professeur On trouve déjà le thème de la « cognée » dans le Second Livre des Rois (il s'agit des rois de Juda et Israël), chapitre VI, versets 1 à 7, intitulé « La Cognée d'un fils des prophètes ». Elisée, « homo dei », le prophète, accomplit un miracle, selon les textes vétéro-testamentaires.
Méthode de la dissertation Analyser le sujet Tout d’abord, il convient d’analyser le sujet qui vous est donné à traiter. Cela se passe en plusieurs temps. La formulation du sujet D’abord, s’interroger sur la formulation du sujet, qui est généralement une question. Dans l’exemple Quel est le but de La Fontaine en écrivant les Fables ? », la question s'intéresse à l’intérêt pour La Fontaine d’écrire ses fables. La problématique à traiter est donc de l’ordre de l’utilité à quoi servent les fables de La Fontaine ? Un bon moyen de saisir l’enjeu d’une formulation est ainsi de reformuler la question, comme nous venons de le faire. Les notions à définir Un sujet de dissertation comporte toujours différentes notions, qu’il importe de correctement définir pour, d’une part, montrer au correcteur que le sujet a bien été compris et, d’autre part, identifier les potentielles tensions contenues dans le sujet. Dans l’exemple Quel est le but de La Fontaine en écrivant les Fables ? », il faut savoir ce qu’est un but » et une fable ». Le but, lorsqu’on s’attache à le définir, peut revêtir différents aspects est-ce un but social ? Est-ce un but économique ? etc. Les présupposés Enfin, une question suppose toujours des sous-entendus, ou des idées implicites. Il s’agit pour vous de les identifier, selon les articles, les adverbes ou les formules restrictives comme toujours » ou nécessairement ». Dans l’exemple Quel est le but de La Fontaine en écrivant les Fables ? », on présuppose que La Fontaine écrit avec une idée en tête. Le plan Une fois le sujet analysé, vous devez être capable de construire un plan de deux ou trois parties, à partir d’une problématique. La problématique peut être exactement la même que le sujet, s’il s’agit d’une question. Mais l’analyse du sujet peut aussi vous faire aboutir à une autre question, qui vous semble plus pertinente, ou directement liée à celle qui vous a été posée. Les deux ou trois parties doivent être liées d’une manière logique. 1ère partie on fait état d’une première réponse, qui se révèle en fait superficielle. La fin de cette partie manifeste le caractère incomplet de cette réponse 2ème partie on y montre les limites de la première partie, sans pour autant se contredire sinon, à quoi bon avoir écrit la première partie ?. Il faut s’attacher à dépasser plutôt ces limites, c’est-à -dire à approfondir dans un sens ou dans un autre ce qui a été montré au début 3ème partie ce n’est pas une partie nécessaire. Si vous la rédigez, c’est que les deux premières parties vous semblent insuffisantes et que les réponses apportées ont encore quelques limites. Sur votre brouillon, ces parties là ne doivent pas être rédigées. Dans l’idéal, il y figure les exemples que vous allez utilisez pour appuyer votre argumentation ainsi que les transitions comment passer d’une sous-partie à une autre d’une manière cohérente et logique ?. Vous cherchez du soutien scolaire à domicile ? Rédiger l’introduction et la conclusion Au brouillon, il vous faut en revanche rédiger l’introduction et la conclusion. La rédaction de celles-ci ne doit intervenir qu’une fois l’analyse du sujet et votre plan terminés. l’introduction elle doit faire apparaître l’analyse du sujet que vous avez menée. Ainsi, il s’agit de définir les termes du sujet qui posent problème et de montrer en quoi le sujet est problématique. On peut pour cela s’aider du sens comment. Elle se termine sur l’annonce de votre problématique et l’annonce de votre plan. La conclusion elle propose un bilan de votre réflexion. Attention elle n’est pas un résumé de votre développement. Vous devez y exposer la solution à votre problématique et mettre en lumière les difficultés qui subsistent encore. On ne cite pas d’auteur, ni d’exemple, et on ne propose pas d’ouverturee Rédiger le développement Le développement comprend vos parties, elles-mêmes composées de sous-parties. Il ne faut pas y mettre les titres, comme ici. Contentez-vous d'annoncer explicitement leur sujet - ce que vous allez y traiter. Il faut y mettre des exemples tirés de vos lectures, en faisant référence à des passages précis. Les citations sont également bienvenues. Il faut s’assurer de la logique entre les parties et les sous-parties de bonnes transitions vous rapporteront beaucoup de points. Evidemment, il faut soigner l’orthographe et le vocabulaire ! Les correcteurs y sont sensibles, et ce sont-là des points aisément gagnés ! 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Regroupées dans trois recueils entre 1668 et 1694, pour un total de deux cent quarante trois fables, elles furent inspirées à Jean de La Fontaine par les antiques Esope, Babrius et Phèdre. Elles mettent généralement en scène des animaux anthropomorphes et contiennent, presque systématiquement, une morale. Mais parce qu’elles semblent d’une lecture assez simple, malgré la langue du XVIIe siècle, parce que les morales semblent claires et sont devenues proverbiales, parce qu'elles sont devenues incontournables dans l'enseignement de l'école primaire, on a tendance à sous-estimer la valeur didactique de ces écrits. Car, au moment d'étudier les fables de La Fontaine, il nous appartient de restituer le contexte socio-historique dans lequel elles ont été écrites. Jamais, La Fontaine ne s'est seulement fait bouffon du Roi ; son but était plutôt double, conformément à la formule latine placere et docere » - plaire et instruire ». Pourtant, dire cela ne suffit pas. Annonce de la problématique Pouvons-nous, par l'étude de ces Fables, déterminer leur but ? Ou même, leurs buts ? Annonce des axes Nous verrons dans un premier temps quels sont les moyens de La Fontaine pour rendre ses fables agréables à la lecture. Mais dans un second temps, il faudra voir quel est l'intérêt, pour lui, de les rendre agréables, puisque le simple plaisir d'être lu ne semble pas suffisant pour expliquer leur production. Jean de la Fontaine est sans aucun doute le plus grand représentant du genre de la fable en France ! Développement Des fables qui plaisent Il est incontestable que les fables écrites par La Fontaine ont la volonté de plaire. Ceci est perceptible à travers plusieurs points. L'art de l'apologue lui-même, dont elles sont issues, avait déjà cet objectif - incontournable, en outre, de toute production littéraire. Mais le genre de la fable s'émancipe de l'apologue pour établir sa propre poétique, avec ses propres rythmes et ses propres registres. Enfin, l'aspect merveilleux qu'elle contient vise également à émerveiller le lecteur pour mieux retenir son attention. L’art ancestral de l’apologue Si on assimile un peu trop vite les fables à la littérature de jeunesse, il faut d’abord contextualiser la production et la diffusion de l’œuvre pour en comprendre les enjeux. Nous sommes au XVIIe siècle, siècle de Louis XIV, le Roi Soleil. La production artistique, dont la littérature, est destinée à un public cultivé et privilégié économiquement. La culture appartient au pouvoir, et sans l’appui de mécènes » et de protecteurs », toute production est impossible. C’est ainsi que La Fontaine dédie la première fable de chacun de ses livres à un personnage important Madame de Montespan la favorite du roi c’est donc un moyen indirect de toucher le souverain. Mais suivent d'autres grands noms de l'époque Monseigneur le Dauphin le fils du roi Louis XIV et de la reine Marie-Thérèse ; Monseigneur le Duc de Bourgogne le livre XII ; ou encore à Madame de la Sablonnière. C'est là une première preuve de la volonté de La Fontaine de plaire il évolue dans un milieu social précis, régi par des codes, et qu'il appartient de maîtriser pour pouvoir continuer à exister. D'ailleurs, La Fontaine ne manifeste pas autre chose lorsqu'il écrit dans la préface de son Livre I On ne considère en France que ce qui plaît c’est la grande règle, et, pour ainsi dire, la seule. » Néanmoins, les débuts d'ouvrage ne servent pas que les dédicaces aux hauts personnages. Ils précisent également l'enjeu et l'inspiration de l'auteur. Dès le premier livre, le principal modèle est ainsi explicité dans le court poème A Monseigneur Le Dauphin » Je chante les héros dont Ésope est le père ». Esope est un écrivain grec ayant vécu entre le VIIème et le VIème av. J-C. Il passe pour être l'inventeur de la fable et, de fait, La Fontaine reprend nombre de ses productions, comme Le Loup et l'Agneau » ou La Tortue et le Lièvre ». Les fables comportent toujours une morale qui donne à réfléchir à un sujet important de la société ! En invoquant son nom, La Fontaine se place d'emblée sous l'autorité d'un auteur antique. Il manifeste par là sa volonté de s'inscrire dans une tradition et revendique lui-même une parenté, pour être intégré à la caste des grands auteurs. Car l'apologue, qui est un court récit se terminant par une morale, descend d'une longue tradition littéraire, sans limite géographique. La Fontaine se fait ainsi à la fois le porte-parole et le continuateur d'un genre à succès. Le Moyen-Age est à l'origine de la fable Le Corbeau et le Renard », qui apparaît dans Le roman de Renart ; les traditions indiennes et arabes lui ont inspiré Les Animaux malades de la peste » ou Les poissons et le Cormoran ». Néanmoins, La Fontaine donne au genre une véritable poétique ; il lui donne une nouvelle forme, en tant qu'il s'inscrit dans la modernité de son époque, et vise à renouveler des histoires universelles. Vous pouvez approfondir vos connaissances grâce au soutien scolaire en ligne. Une poétique de la fable Mais il y a aussi un aspect plaisant de la fable qui lui est propre, c’est-à -dire qui dépend de sa composition c’est la poétique de la fable. Il faut plaire, et cela passe aussi par la forme. La fable réclame la concision, et une dynamique de lecture efficace. Dans la fable La Laitière et le pot au lait », par exemple, nous avons dans les trois premiers vers toute l’essence de la fable qui va suivre Perrette sur sa tête ayant un Pot au lait Bien posé sur un coussinet, Prétendait arriver sans encombre à la ville. » Il y a d'abord la présentation du personnage, Perrette », prénom hypocoristique qui exprime une intention affectueuse, grâce au suffixe -ette », qui déjà nous présente un personnage pour qui nous avons de la sympathie ; il y a ensuite le Pot au lait », objet qui permet le rêve tout ce qu’elle pourra acheter en le revendant ; et la situation critique, avec prétendait arriver sans encombre à la ville » toute la fragilité de la démarche tient dans ce verbe prétendait » qui laisse deviner au lecteur attentif le drame qui va se jouer… Nous sommes dans une forme versifiée, qui est donc une forme poétique. La versification a un rôle essentiel dans le récit. Ce qui caractérise la versification des fables est l’hétérométrie les vers ont des longueurs différentes qui viennent toujours épouser le sens ou l’impression qu’ils doivent dégager. Le fond et la forme se rejoignent. Ainsi, on trouve des vers courts pour l’action, vers longs pour les sentiments le lyrisme c’est le cas, par exemple, dans la fable Les deux pigeons » l’aventure du voyage est rythmée par des vers courts et nerveux La Volatile malheureuse, Qui, maudissant sa curiosité, Traînant l’aile et tirant le pié, Demi-morte et demi-boiteuse, Droit au logis s’en retourna Que bien, que mal elle arriva Sans autre aventure fâcheuse. » La deuxième partie du poème, très lyrique, présente plutôt des vers longs, et un rythme ample Hélas! Quand reviendront de semblables moments? Faut-il que tant d’objets si doux et si charmants Me laissent vivre au gré de mon âme inquiète? Ah! si mon cœur osait encor se renflammer ! » La Fontaine utilise tous les moyens et tous les procédés du poème pour agrémenter ses moralités. L’art de La Fontaine consiste à donner l’impression d’une fluidité et d’une facilité, c’est-à -dire d’une légèreté qui est synonyme de plaisir pour le lecteur. Ailleurs dans la préface du livre 1, La Fontaine précise même le rôle de ses fables, et l’utilisation d’animaux Tout parle en mon ouvrage, et même les poissons Ce qu’ils disent s’adresse à tous tant que nous sommes ; Je me sers d’animaux pour instruire les hommes. » Plaire » pour instruire », à travers les animaux », l’humour même les poissons »…, voire l’ironie. Un bestiaire symbolique Il y a une caractéristique essentielle à cet aspect plaisant de la fable, c’est son aspect merveilleux. Le merveilleux » s’inscrit dans la tradition médiévale et chrétienne c’est ce qui surpasse la réalité et donne un sens supérieur aux choses. Dans Les Fables, le merveilleux est surtout présent à travers les animaux. C’est l’ensemble des animaux, ce qu’on appelle le bestiaire, qui donne au livre cet aspect fascinant qui est encore aujourd’hui très efficace. Le choix des animaux n’a jamais rien de gratuit ou d’aléatoire, et il faut, quand on aborde une fable, comprendre toute la portée symbolique, parfois complexe des bêtes utilisées. Même si, bien souvent, la symbolique nous semble évidente notamment parce que La Fontaine est devenu très connu et que c’est par lui justement que la représentation symbolique des animaux est entrée dans les mœurs comme pour le lion, qui symbolise la puissance, la royauté, le pouvoir ; le renard, la ruse, la duperie, l’intelligence malicieuse ; le loup », la violence et la cruauté ; l’ âne », le travailleur, l’honnêteté, mais aussi la bêtise. Car certains animaux ont une symbolique plus complexe qui invite à une lecture plus fine. Comme, par exemple, dans Les obsèques de la Lionne », où le Cerf est à la fois le serf », c’est-à -dire l’esclave du roi, mais aussi le symbole du Christ un cerf apparaît par exemple à Saint-Eustache, c’est-à -dire du martyre, et de la rédemption. En fait, la symbolique est toujours un peu plus complexe qu’il n’y paraît, autant que le sens particulier d’une fable peut l’être c’est cela aussi le plaisir, chercher le vrai propos de ce qui est enseigné ». Transition Plaire » ne signifie pas seulement répondre à l’attente des lecteurs il s’agit de s’inscrire dans une tradition ancestrale et de savoir manier les techniques poétiques. C’est aussi cela qui donne plus de crédit aux leçons morales », qui permet aussi de leur donner plus de force. Et qui finissent par instruire Les fonctions de la Fable Placere et docere », plaire et instruire », plaire en instruisant » peut-on lire dans la première fable des Fables, voilà les deux principales fonctions de l’art de l’apologue, qui sont en fait inséparables. La Fontaine revient à plusieurs reprises sur ce rôle des fables. Souvent, comme nous l’avons déjà souligné, dans les fables dédicacées à des personnages importants les premières fables de chaque livre, mais aussi au fil des fables elles-mêmes, comme par exemple, dans celle intitulée justement Les Fonctions de la fable ». À la fois critique de l’inertie des auditeurs, critique de leur propension à préférer s’amuser plutôt qu’à envisager sérieusement le danger qui les guette l’invasion macédonienne de la Grèce, comme elle a eu effectivement lieu, mais aussi éloge de l’efficacité, voire de la nécessité de l’apologue sans plaire, il est impossible d’instruire sans la fable, il est impossible d’attirer l’attention c’est la captatio benevolentiae antique. La Fontaine l'affirme lui-même, dans la fable Le Pâtre et le Lion » Une morale nue apporte de l'ennui Le conte fait passer le précepte avec lui. » Et, en parallèle conter pour conter me semble peu d’affaire ». D’un côté nous avons l’affirmation que la morale seule est rébarbative, inefficace, inutile ; de l’autre, nous avons la dénonciation du divertissement gratuit. L’art de La Fontaine, c’est allier l’utile à l’agréable. La morale et les moralités Évidemment, la moralité la formule concise qui vient résumer le propos moral de la fable semble être une des caractéristiques principales de la fable. Une fable est une histoire plus une moralité qui vient en éclaircir le sens. Pourtant, dans les faits, l’affaire est plus compliquée. Nous relevons en effet différents cas de figure, que l’on peut regrouper en deux catégories. D’abord, la morale peut être explicite, c’est le cas le plus fréquent peut-être, et celui qu’on attend naturellement. La morale est alors énoncée clairement, soit en fin de fable, soit en début, parfois au milieu. Ainsi Il se faut entr’aider, c’est la loi de nature », VIII, 17 ; En toute chose il faut considérer la fin », III, 5 ; Ils demandèrent la sagesse / C’est un trésor qui n’embarrasse point », VII, 6, etc. Ces formules explicites sont devenues parfois proverbiales Adieu veau, vache, cochon, couvée ! » dans La Laitière et le Pot au lait ». Les Fables de La Fontaine / dessins originaux de Grandville 1837-1838 On en trouve aussi parfois plusieurs dans la même fable comme dans Les deux pigeons » L’absence est le plus grand des maux », Soyez-vous l’un à l’autre un monde toujours beau, / Toujours divers, toujours nouveau ; / Tenez-vous lieu de tout, comptez pour rien le reste. », ou encore sur l’enfance cet âge est sans pitié ». Mais la morale peut être aussi implicite, c’est-à -dire qu’elle n’est pas clairement énoncée, et que c’est au lecteur de la formuler. Nous pouvons prendre comme exemple la fable Le Chêne et le Roseau », où La Fontaine ne prend pas la peine de préciser le sens de son récit qui pourrait être La loi du plus fort n’est pas toujours la meilleure ». La Cigale et la Fourmi », fable très connue, ne présente pas non plus de morale claire. C’est aussi parce que le rôle de la fable est didactique le lecteur doit faire l’effort de chercher, de comprendre, d’interpréter c’est ce qu’on appelle un travail d’herméneutique. En général, cependant, un idéal de simplicité et de modestie se dégage de ces axiomes, de ces morales, comme dans Le Savetier et le Financier » ou dans Les deux pigeons » où l'un des deux pigeons quitte sa moitié » son ami pour aller à l’aventure où il n’essuie que des déconvenues avant de rentrer chez lui. La morale – implicite – étant qu’il faut mieux rester là où on se sent bien plutôt que de courir à l’aventure. Il critique aussi l’hypocrisie, le pouvoir excessif et injuste dans la grande tradition des moralistes antiques. Il y a donc parfois une portée politique de la fable, comme dans Les Obsèques de la Lionne » Amusez les Rois par des songes, Flattez-les, payez-les d’agréables mensonges, Quelque indignation dont leur cœur soit rempli, Ils goberont l’appât ; vous serez leur ami. » Cette morale acerbe est évidemment pleine d’ironie. La Fontaine est loin ici d’être le conteur pour enfants qu’on voudrait qu’il soit. La Fontaine renoue avec la sagesse antique », et plus précisément la philosophie épicurienne il faut savoir profiter de la vie, oui, mais sans chercher à obtenir ce qu’on ne peut pas avoir, sans chercher à avoir trop. En fait, nous dit La Fontaine tout au long des fables, c’est que profiter de la vie, c’est profiter de ce qu’on a. Un moraliste très peu moralisateur Ainsi, il ne faut pas croire que la morale des fables est toujours celle qu’on croit. Il faut se rappeler que La Fontaine est un libre penseur » ce qu’on appelle à l’époque un libertin » même s’il se protège la condamnation royale ou religieuse peut être sévère, il est plus subversif qu’on veut bien le croire. C Comme nous l’avons vu avec Les Obsèques de la Lionne », il se permet de critiquer le pouvoir absolu et l’hypocrisie des courtisans des gens de la cour. La même ironie est également présente dans une morale comme Il n’est pas toujours bon d’avoir un haut Emploi » I, 4. Louis XIV and His Family, Nicolas de Largillierre, 1710 Mais il faut aussi relire les fables sous un œil neuf la morale qu’on veut nous enseigner n’est peut-être pas celle que La Fontaine voulait faire passer tout dépend de l’interprétation de la charge ironique de certaines fables. Prenons un exemple célèbre La Cigale et la Fourmi ». Quel est le sens de cette fable ? Beaucoup s’accorderaient à dire que La Fontaine critique l’oisiveté, et engage au travail. Pourtant, plusieurs éléments viennent contredire cette version. D’abord, parce que la morale est implicite et qu’il faut toujours se méfier des morales implicites c’est un appel clair à l’interprétation du lecteur. C’est un moyen pour La Fontaine de se protéger des censeurs. Ensuite, par la symbolique des animaux la cigale chante, elle est un animal du soleil du sud, elle est sympathique, elle respire la joie de vivre et le bonheur ; au contraire, la fourmi est un animal vil elle est petite, méprisable, et elle ne fait que suivre ses congénères. Nous serions davantage enclin à préférer la cigale à la fourmi… Enfin, la fourmi, dans la fable, apparaît comme avare et méchante elle se moque de la cigale, elle est pleine de ressentiment, elle est jalouse de la liberté de la cigale, et ne trouve son plaisir qu’au moment où celle-ci est en difficulté. Ce que critique La Fontaine est davantage l’avarice et la méchanceté que l’oisiveté qui, de plus, est une valeur positive dans l’Antiquité, puisque le travail est le fait des esclaves. La Fontaine, qui a écrit des contes érotiques, n’est peut-être pas le moralisateur qu’on voudrait bien croire… Être moraliste », c’est cerner les défauts des gens, non pas leur inculquer une morale. Conclusion Les Fables sont l’œuvre d’une vie. La Fontaine y déploie toute la fantaisie, toute la créativité, tout le talent dont il est capable. Il y montre son expérience, son savoir, mais aussi sa faculté à cerner les défauts des gens et de son époque. Loin de la littérature de divertissement, c’est une œuvre de sagesse, presque philosophique, que nous offre La Fontaine, et il faut la lire de cette manière-là . Placere et docere », comme le suggérait déjà le philosophe Lucrèce, élève du matérialiste antique Épicure. C’est cette générosité, cette richesse de l’œuvre qui demeure et qui fascine toujours. Mais il serait dommage de s’arrêter à La Fontaine. Beaucoup d’autres auteurs ont écrit des fables, certains en écrivent encore, et il est non seulement intéressant de les comparer, mais aussi, simplement, de lire ce qu’ils ont à nous dire Jean-Pierre Claris de Florian, Antoine Houdar de la Motte, Antoine Furetière ou encore Charles Perrault.
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dissertation sur les fables de la fontaine